Chapitre 6 – La production conditionnée et la conscience Manas

Si l’on admettait l’existence d’une Loi universelle, ce serait bien la « loi de causalité », qui explique la relation de cause à effet.

Les êtres humains aussi dépourvus de sagesse soient-ils n’ont pas attendu l’apparition du Bouddha pour savoir que lorsqu’on sème les carottes à la fin de l’hiver, on aura la récolte en juin-juillet, tandis que si on les sème à l’automne, la récolte se fera en mai-juin.

Toute notre vie quotidienne est ainsi régie par la loi de causes à effet, même sans y réfléchir. Lorsqu’on tourne le robinet de gauche, on sait qu’on aura de l’eau chaude et quand on tourne celui de droite, ce sera de l’eau froide. Les médecins savent que tel symptôme est l’effet de telle pathologie et prescrivent le médicament qui aura pour effet le soulagement de la pathologie.

Curieusement, pourtant, depuis que l’humain a été en mesure de réfléchir et qu’il s’est demandé « pourquoi les choses arrivent », il a trouvé des réponses complètement opposées à la logique de la notion de causalité, à savoir « la volonté de Dieu », « le hasard », « la destinée ».

Lorsque Siddhârta Gautama, alors encore prince, rechercha le véritable aspect des choses et partit se former auprès des maîtres reconnus de son époque, il avait sans doute, ne serait-ce qu’intuitivement ce besoin que les réponses concordent à la loi de causalité. Or, ces réponses furent, comme ce qu’on trouve encore aujourd’hui, « la volonté de Dieu », « le hasard », « la destinée », réponses complètement irrationnelles qui ne le satisfirent pas.

Déçu, il rechercha par lui-même et s’éveilla finalement à l’absolu, au véritable aspect des choses. L’absolu, la vérité ultime, le principe véritable, autant de nom d’une même chose qui, par définition, est indéfinissable, ineffable, inimaginable. Gautama passa le reste de sa vie à tenter de transmettre à autrui ce à quoi il s’était éveillé et comment s’y éveiller.

Par la suite, son enseignement fut repris et développé par ses disciples. Il résulte de ce phénomène un foisonnement de principes. Tous sont l’observation d’une même chose, l’éveil du Bouddha, sous des angles différents.

Toutefois, s’il fallait synthétiser les cinquante années de prêche du Bouddha et les deux millénaires de recherches qui suivirent par une seule expression, qui serait donc la conclusion, l’essence même de l’éveil du Bouddha, ce serait sans doute « Pratītya-samutpāda », traduit (entre autres) par « production conditionnée ».

Dans son « Traité du milieu », Nāgārjuna dit :

« Je me prosterne aux pieds du prédicateur le plus éminent, le véritable Eveillé qui enseigna la louable production conditionnée, apaisant les suppositions inutiles ».

Ce véritable éveillé est bien entendu Gautama, le « muni » du clan des « shakya ». Shakyamuni, donc, disait lui-même dans le Sutra des instructions moyennes (j. chū agon kyō – 中阿含経) :

« Voir la production conditionnée revient à voir le Dharma ; si l’on voit le Dharma, on voit alors la production conditionnée ».

Ainsi, alors que d’autres évoquaient un Dieu créateur ou, à l’autre extrême, le hasard, la destinée (s’était écrit), le Bouddha exprima la conclusion de son éveil par ce que, par la suite, on appela le principe de la production conditionnée (j. engi縁起).

Le principe de la production conditionnée connut divers développement au cours de l’histoire du bouddhisme, devenant par la suite « l’absence de nature propre » (j. mujishō無自性), la « vacuité » (j. kū), « l’aspect réel des choses » (j. shohō jissō 諸法実相), Une pensée trois mille (j. Ichinen sanzen (一念三千). Toutefois, la définition de référence est celle que l’on trouve dans les « Choix d’instructions » (p. sutta nipāta), l’un des canons du bouddhisme primitif, écrit en pâli :

« O, moines, qu’est-ce que la production conditionnée ? O moines, la vie et la mort sont produites du fait de la naissance.

(…)

Quand ceci est, cela est. Quand ceci naît, cela naît.

Quand ceci n’est pas, cela n’est pas. Quand ceci disparaît, cela disparaît ».

Ce qui implique que tout est relatif, existant de manière interdépendante avec une autre existence.

On trouve une définition très ressemblante dans le « Sutra des instructions longues » (j. zô agon kyô - 雑阿含経) :

"Le Dharma de la production conditionnée n’est pas mon œuvre. (…) Il signifie que : parce que ceci est, cela est ; parce que ceci apparait, cela apparait. Ainsi, les actes sont conditionnés par l’ignorance et ainsi de suite, provoquant l’accumulation de grandes souffrances. Lorsque l’ignorance disparait, les actes disparaissent et ainsi de suite, provoquant la disparition de l’accumulation des grandes souffrances".

L’important dans ce dernier passage est l’expression : "parce que ceci est, cela est ; parce que ceci apparait, cela apparait". On peut y voir en effet, la relation de causalité existant entre les choses : l’ignorance engendre l’action. Dans ces passages, "ceci" est la cause et "cela" est l’effet. On peut dès lors lire : "quand il y a cause, il y a effet, quand il n’y a pas de cause, il n’y a pas d’effet".

De même qu’un effet dépend d’une cause, toute existence dépend d’une autre existence, d’où son caractère impermanent. Prenons quelques exemples pour expliquer la production conditionnée sous l’angle de l’impermanence (interdépendance) des choses.

Prenons d’abord un bourgeon. Le bourgeon naît d’une graine. Sans graine, le bourgeon ne peut naître. Outre la cause directe qu’est la graine, des causes indirectes représentant les "conditions", tels l’ensoleillement, la terre, l’humidité, sont également nécessaires pour que l’effet bourgeon apparaisse. La naissance du bourgeon relève de l’union harmonieuse de ces causes et de ces conditions. L’existence du bourgeon étant ainsi conditionnée par des causes et des conditions, elle n’est donc pas une existence indépendante existant par elle-même. Le bourgeon est provoqué par des causes. Etant dépendant d’autrui, représenté par ces causes, il n’est pas devenu bourgeon par lui-même. Quand ceci (graine, lumière du soleil) n’est pas, cela (bourgeon) ne peut pas être. Ainsi régi par la présence de causes diverses telles que le soleil, la terre et l’eau, le caractère dénué de permanence du bourgeon est dès lors évident. Le bourgeon est une existence impermanente.

Ce principe est identique pour l’exemple du pot de terre : ce dernier est formé par des causes constituées de la terre, de l’eau et de la dextérité du potier. Dès lors, le pot dépend de ces causes. Il n’est pas une existence indépendante, devenue pot de terre par elle-même. Il est donc une existence régie par la condition de certaines causes.

Ainsi, par le biais de l’axiome : "lorsqu’il y a cause, il y a effet, lorsqu’il n’y a pas de cause il n’y a pas d’effet”, autrement dit "un effet apparait par la combinaison de causes et de conditions", la production conditionnée enseigne que toutes les existences, comme le bourgeon ou le pot de terre, sont impermanentes car dépendantes et régies par des causes.

Finalement, la production conditionnée, selon laquelle lorsqu’il y a des causes (la terre, l’eau, le potier) il y a un effet (le pot) est une loi ayant un rapport direct avec nous-mêmes qui nous attachons à la notion permanente du pot. Ce n’est pas une loi de la causalité naturelle sans rapport avec nous. En fait, la production conditionnée est notre loi, nous qui tout en étant confrontés à l’impermanence, nous attachons à la permanence. Nous pensons que la production conditionnée du bourgeon, du pot de terre, de la tour Eiffel ou de la crise économique mondiale est une simple causalité naturelle indépendante de notre propre attitude. Or, en bouddhisme, le bourgeon, le pot et le reste constituent les objets de notre attachement.

Ce genre de principe semble difficile à comprendre à des esprits "cartésiens" pour qui "il faut appeler un chat un chat". Or, le bouddhisme qualifie "d’attachement", de "vue de la permanence" ce genre de considération, comme l’illustre la phrase suivante du « Grand Sutra sur la causalité » (j. dai en kyô -大縁経) :

"Mes amis, lorsque l’espace est entouré par du bois, par du lierre, par de la paille de riz, par de la boue, on obtient le nom de maison. De même, mes amis, lorsque l’espace est entouré par des os, par des muscles, par de la chair et par de la peau, on obtient le nom de corps".

A l’évidence, ce sutra expose la production conditionnée. Je pense que nous devons prêter attention à l’expression : "on obtient le nom". Elle signifie en effet : "une idée naît", ou "une notion est conceptualisée ». Il convient de bien comprendre que la production conditionnée expose la création de tels concepts subjectifs.

Lorsque nous voyons un espace entouré de planches de bois, de briques, d’un jardin, nous avons immédiatement l’idée de "maison". De même, lorsque nous voyons un espace entouré de chair, de muscle, de cheveux, le concept "corps humain" nous vient à l’esprit. Or, Les planches de bois, les tuiles, le jardin sont les causes objectives, les raisons de notre conceptualisation subjective de la notion de "maison", les os, les muscles, la peau sont celles de notre notion de "corps". Ainsi, nos concepts subjectifs (maison, corps, tour Eiffel) dépendent de causes objectives, indépendamment desquelles ces notions ne peuvent exister. Autrement dit, nos notions subjectives de maisons, de corps auxquelles nous nous attachons, sont en fait impermanentes et dénuées de soi. La production conditionnée ne considère pas le bourgeon, ni le pot, ni la maison, ni le corps, ni toutes les formes d’existences comme des éléments absolus, mais comme des existences subjectives et relatives. "On obtient le nom" signifie que le pot, le bourgeon, la maison, le corps sont des conceptualisations subjectives alors que la production conditionnée enseigne que "l’objectif (cause) provoque le subjectif (effet)". Toutes ces notions subjectives sont des phénomènes provisoires, changeants. Toutes relèvent des lois de la production conditionnée, de l’impermanence, de l’absence de soi et de la transformation.

Le fait que nos conceptualisations subjectives apparaissent en dépendance de causes objectives est évoqué dans le « Sutra Mahātanhāsankhaya » faisant lui aussi partie des « Instruction moyennes » :

"Oh moines ! Sans condition, le cœur ne naît pas. Par contre, lorsque, en raison de diverses conditions, naît la conscience, on obtient le nom de conscience : lorsque, par la condition de la vue et de la forme, la conscience naît, on obtient alors le nom de conscience visuelle. Lorsque, par la condition de l’ouïe et du son, la conscience naît, on obtient le nom de conscience auditive. (…) Lorsque, par la condition du mental et des dharmas, la conscience naît, on obtient le nom de conscience discriminante. Oh, moines ! C’est comme, lorsqu’en raison de diverses conditions, un feu brûle, on obtient le nom de feu : lorsqu’un feu brûle par la condition de bûches, on obtient le nom de feu de bûches. Lorsqu’un feu brûle par la condition de copeaux de bois, on obtient le nom de feu de copeaux de bois. Lorsqu’un feu brûle par la condition d’herbes, on obtient le nom de feu d’herbes".

Ce sutra utilise aussi l’expression "obtenir le nom". Il dégage bien la signification principale de la production conditionnée. La différence entre les bûches, les copeaux de bois et l’herbe, donne naissance à la différence entre feu de bûches, feu de copeaux de bois et feu d’herbe. Ainsi, la différence de cause objective entraine la différence de conception subjective. Ce sutra démontre que la conscience n’est pas le sujet autonome d’un cycle permanent se maintenant par lui-même de manière indépendante. D’où il ressort que comme le feu est un concept relatif, dépendant du combustible, la conscience est aussi un concept relatif dépendant des six racines (organes des sens plus la conscience discriminante) et des six objets (de la conscience : couleurs et formes, sons, odeurs, saveurs, objets tangibles et objets de l’esprit) et donc pas une existence indépendante, absolue, digne d’attachement comme si elle était permanente.

Nos concepts subjectifs naissent en dépendant de causes objectives. Nous retrouvons également le principe de la production conditionnée dans les « Instructions diverses » des « Sutras Agamas » :

"Comme, par exemple, le mot ‘char’ existe lorsque des parties sont rassemblées, le nom ‘être’ existe lorsque les divers agrégats sont présents".

Ici, le nom, le concept de "char" est obtenu par le biais de causes objectives (éléments réels) que sont ses diverses parties. De même, le nom, le concept de "être" est obtenu par le biais de causes objectives (éléments réels) que sont les divers agrégats.

La stance précédente est souvent utilisée pour démontrer que toutes les existences, objets des attachements (êtres, voitures) sont en fait des productions conditionnées dénuées de moi réel, auxquelles nous ne devrions en fait pas nous attacher.

Au chapitre précédent, nous avons vu que les être sensitifs étaient constitués de matière et d’esprit, répartis en cinq agrégats : la forme, la perception, la conceptualisation, la réaction, et la conscience.

L’aspect « matière », représenté par la forme, se subdivise en forme intérieure, c’est-à-dire nos six racines (vue, ouïe, odorat, toucher, goût, mental) et en forme extérieure, autrement dit, les objets de nos racines, que sont les couleurs, les sons, les odeurs, les saveurs, les contacts et les phénomènes immatériels.

Dans ce processus, comme l’indiquait la phrase précédente du Sutra, les objets sont la cause, les racines, la perception la conceptualisation et la réaction sont les conditions et la conscience est l’effet.

Prenons un exemple : un bruit, objet de l’ouïe (cause), se produit. Notre racine auditive (condition pour entendre le bruit et cause de la conscience) le perçoit (condition), nous le conceptualisons (condition), réagissons (condition) et, finalement, en prenons conscience (effet).

Or, si nous ne le percevons pas, l’effet de conscience ne peut pas se produire et, comme il ne peut y avoir de cause sans effet, la cause (l’objet) n’existe pas non plus.

La différence entre la voie extérieure et la voie intérieure est que, pour cette dernière, s’il n’y a pas de conscience, il n’y a pas non plus d’objet, ni de racine, tandis que pour la voie extérieure, l’objet existe indépendamment de la conscience, ce qui contrevient à la loi de causalité.

Il convient ici d’ouvrir une parenthèse, car il n’aura échappé à personne que ce que je viens de dire semble entrer en contradiction avec ce que je disais au chapitre précédent. En effet, je viens de dire que les objets sont la cause, les racines sont la condition et la conscience est l’effet. Or, au chapitre précédent, je disais que les racines étaient la cause, les objets les conditions et la conscience l’effet.

En fait, malgré les apparences, il n’y a pas de contradiction, ce que j’explique dans une vidéo annexe, première d’une nouvelle série dans laquelle je répondrai à vos diverses questions.

Nous avons donc six consciences : visuelle, auditive, olfactive, tactile, gustative et mentale. Tous les êtres sensitifs, qu’ils soient humains ou animaux, sont dotés de ces six consciences. Or, aucun animal ne rejettera un congénère parce qu’il n’a pas la même couleur, ou qu’il est âgé, aucun n’aura de complexe parce qu’il est gros ; les humains si.

C’est que derrière ces six consciences, où s’arrêtait le bouddhisme primitif, existe une septième conscience appelée « Manas », découverte au fil de l’approfondissement de la pensée bouddhique par différents maîtres et qui est le siège du moi, de l’égo, de l’attachement au moi, la source originelle des "mauvaises passions" (j. bon‘nō), qui ne se retrouve pas chez les autres animaux.

C’est aussi, malgré tout, à cause de cette septième conscience, source des mauvaises passions et donc de la souffrance des êtres humains que le désir de s'éveiller à la vérité surgit et nous conduit vers le monde de la foi et le monde de l’éveil. Cette conscience Manas n'est pas un "esprit" inné, mais quelque chose qui se forme après la naissance et dont la présence augmente au fur et à mesure que nous grandissons.

Il y a donc ici une différence majeure entre les religions monothéistes et le bouddhisme, en ce sens où dans ces religions de la voie extérieure, un être supérieur, Dieu a créé toutes choses y compris l’être humain, alors qu’à l’inverse, dans le bouddhisme, c’est chacun de nous qui créons notre univers personnel.

D'ailleurs, cette théorie de la création, qui considère que même les choses que l'on croit exister en dehors de soi sont issues de notre propre esprit primordial, n'est pas le fruit d'un simple intérêt ou d'une spéculation philosophiques. En effet, en arrière-plan de sa création, il y avait un fort impératif religieux et éthique de ne pas s'attacher aux choses du monde extérieur. L’attachement est l’élément déclencheur de la souffrance. C’est pourquoi le bouddhisme enseigne « Soyez sans attachements ». En réalité, cependant, nous sommes sujets à d'innombrables obsessions. Je veux de l'argent, je veux avoir ma propre maison, je veux réussir, je veux la nouvelle Playstation, je veux le dernier IPhone, je veux ci, je veux ça..., désirs bercés par tout un chacun. Pourquoi, alors, de tels attachements et désirs surgissent-ils ? C'est parce que nous croyons que l'argent, la maison, être PDG ça existe et que si nous les obtenons ou le devenons, nous aurons une vie heureuse. En un mot, c'est précisément parce que nous sommes implicitement conscients que les choses du monde extérieur sont indéniablement réelles que nous nous attachons à elles.

Or, le bouddhisme enseigne que « le moi et les phénomènes du monde extérieur sont créés par notre propre esprit, en particulier la huitième conscience. Séparés de notre propre esprit, ces phénomènes n’ont pas de réalité ». On me dira alors, « pourtant, je vois les montagnes, je sens les fleurs, j’ai conscience d’exister » ! Certes, il y a des montagnes, il y a des fleurs et j’existe. Mais tout cela n’est que phénomènes au sein de l'activité mentale du moi. En fait, ce n’est pas que la montagne soit dans le monde extérieur et que l'esprit la voie, en réalité, l'esprit est dichotomisé en une partie qui a l'apparence de la montagne (l'esprit en tant qu'objectif) et une autre partie qui la voit (l'esprit en tant que subjectif), et le phénomène de voir la montagne se produit sur la base de l’opposition entre les deux. Pour le dire plus simplement, on ne voit pas la montagne parce qu’elle existe, mais elle existe parce qu’on la voit.

Ainsi, la conscience Alaya est le corps fondamental à partir duquel toute existence surgit. Par exemple, admettons que nous avons un crayon devant nous. Ce crayon, l'organe sensoriel appelé œil et la fonction de voir le crayon, ces trois éléments proviennent de la conscience Alaya. D'une manière plus générale, le monde naturel qui nous entoure (le monde réceptacle = kiseken-器世間), notre corps physique (le corps racine = Ukonjin-有根身) et les actions cognitives subjectives telles que les sensation, les perceptions et la pensée (les différentes consciences) sont toutes nées des modifications de cette Conscience Alaya, qui est le corps fondamental. Ainsi, la conscience Alaya stocke toutes les existences en tant que possibilité, ou en d'autres termes, en tant que "semences". C’est pourquoi, elle est donc également connue comme le "conscience de toutes les semences".

Le mot « Alaya » signifie « stocker », « entreposer », « accumuler ». Le nom « Himalaya », d’ailleurs signifie « accumulation de neige ». C’est pourquoi, on appelle également la huitième conscience « conscience entrepôt ».

La conscience Alaya est également le lieu où nous stockons l’influence de toutes nos expériences. Tout comme chaque paysage passant à travers l'objectif est gravé sur le papier photographique, chaque acte mental, verbal ou physique, bon ou mauvais, est instantanément planté dans la conscience Alaya comme une graine.

En sanskrit, le mot « acte » se dit « karma ». Ainsi, chacun de nos actes, qu’il soit mental, verbal ou physique est inscrit dans notre huitième conscience et, en même temps, cette graine crée la condition future de la rétribution de ces actes.

Ainsi, nous voyons que selon le bouddhisme, ce que nous sommes, comme tout ce qui peut nous arriver n’est pas l’œuvre d’un Dieu, du hasard ou de la destinée, mais bien la rétribution de nos propres actes.

L’enseignement donné par le Bouddha tout au long de sa vie n’avait pas pour objectif que nous comprenions ces choses, mais bel et bien que, par des pratiques appropriées, nous transformions le contenu de notre huitième conscience, le purifiions et, de fil en aiguille, purifiions notre septième conscience en remplaçant notre petit moi ridicule qui ne pense qu’à lui, par la vie immense du Bouddha et, pour finir, purifiions nos six racines, ce qui nous permet de réaliser la fusion parfaite du subjectif et de l’objectif et ainsi, de voir le véritable aspect des choses, ce qui s’appelle l’éveil, la bouddhéité.

 

 

Dans les prochains chapitres, nous verrons le contenu chronologique, méthodologique et doctrinal des cinquante années de prêche du Bouddha Shakyamuni, puis son développement à travers les âges au cours duquel, le grand maître du Tendai découvrit l’existence d’une neuvième conscience appelée Amara.

 

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