Chapitre 1 - Introduction

Depuis le début des années soixante-dix, beaucoup d’occidentaux s’intéressent au bouddhisme.

Une « religion sans Dieu », le concept était nouveau pour eux et très attirant.

Certains se sont donc tournés vers le Tibet, d’autres comme moi, vers le Japon.

Toutefois, la plupart se méprend toujours quant à sa nature.

Certains pensent en effet qu’il s’agit d’une technique de bien-être, d’une méthode pour « rester Zen », ce terme est d’ailleurs tellement devenu à la mode, qu’on le trouve partout.

Les cartes bancaires sont devenues « Zen », les voitures sont « Zen », les assurances sont « Zen », de nombreuses choses de la vie quotidienne sont devenues « zen ».

D’autres pensent qu’ils sont déjà bouddhistes, voire Bouddhas parce qu’ils sont gentils,

d’autres encore, pensent que les mantras bouddhistes sont une sorte de formule incantatoire permettant d’obtenir des bienfaits immédiats : santé, argent, position sociale, amour...

Valeurs autant futiles qu’illusoires, que possédait d’ailleurs le Bouddha avant d’accéder à l’éveil et qu’il rejeta pour rechercher la vérité.

Et même si c’était le cas, le bouddhisme ne serait alors qu’une religion comme une autre, une religion parmi les autres, une technique ressemblant un peu au Yoga et, en définitive, ne présentant pas plus d’intérêt que ça.

Le bouddhisme est appelé la « voie intérieure » (Naidō), tandis que les autres religions, idéologies et philosophies sont qualifiées de « voie extérieure » (Gedō).

Comparer la voie intérieure et la voie extérieure (ce qui en japonais se dit Naige sōtai) et faire la distinction, est d’une extrême importance, car la confusion des deux fait que l’on parle alors du bouddhisme en lui donnant le même contenu que la voie extérieure, voire pire si on l’étudie ou le pratique, car un traité énonce : « Les hommes qui agissent de la sorte sont déshonorés, car ils étudient le bouddhisme mais ressortissent à la voie extérieure ».

Ne pas connaître la différence entre la voie intérieure et la voie extérieure est un peu comme un patient souffrant de cholestérol sans le savoir, à qui un médecin administrerait un traitement pour lutter contre le cholestérol sans lui dire qu’il a du cholestérol. Le patient prendrait alors ses médicaments, tout en continuant à s’alimenter de charcuteries, de sucreries et autres mets contre-indiqués quand on a du cholestérol. Ça ne servirait strictement à rien.

En fait, le bouddhisme est l’exact opposé de toute les autres religions, idéologies et philosophies, dans la mesure où il propose une vision de soi, des autres, des choses, des phénomènes visibles et invisibles, regroupés sous l’appellation « dharmas », complètement différente, car juste.

Quelle est cette différence ?

Nous, les êtres humains ordinaires, sommes incapables de percevoir la réalité qui nous entoure. Les neurosciences ont déterminé que notre cerveau crée sa propre réalité, son propre monde, qui est déformé essentiellement en raison des caractéristiques du système visuel, qui permet d'agir sur la réalité.

Dans une série de documentaires intitulés « Qu'est-ce que la réalité » ? le docteur David Eagleman entraîne les spectateurs dans un voyage extraordinaire, explorant comment le cerveau, enfermé dans le silence et l'obscurité, sans accès direct au monde extérieur, construit une réalité multisensorielle et évoque le monde riche et beau que nous considérons tous comme acquis.

Heinz Penzlin, professeur émérite de zoologie générale et de physiologie animale de l'université Friedrich-Schiller de Iéna, quant à lui énonce dans le journal Cerveau & Psycho n° 101 de mars 2003 :

« Pour la plupart des gens, le fait est évident : le monde existe telle une donnée brute et objective, quelle que soit la façon dont on le considère. Le ciel est bleu, la neige est froide, la rose que je tiens à la main exhale un parfum suave et le chant du rossignol est enchanteur. Toutefois, les expériences menées en neurosciences révèlent que le cerveau ne fournit pas une photographie du monde extérieur : sa vision est une construction. L'être humain, comme les autres animaux, vit dans un monde qui lui est propre, celui de ses perceptions partiales. Où est la réalité ? Il y a probablement autant de réalités que d'espèces animales et de modes de perception » (d’après HEINZ PENZLIN| CERVEAU & PSYCHO N° 101 mars 2003).

Ce que les neuroscientifiques ont compris et prouvé à la suite de longues recherches, mais qui reste encore au niveau de la théorie scientifique, le Bouddha Shakyamuni, lui, l’a expérimenté, vécu, physiquement et spirituellement.

En réalisant l’éveil (la bouddhéité), Siddhârta Gautama, le fondateur du Bouddhisme, que l’on appelle le Bouddha (l’éveillé), vécut une expérience unique.

Il expérimenta l’absolu.

Instantanément, il fut débarrassé de toutes les dualités, de toutes les notions illusoires que les êtres ordinaires que nous sommes prennent pour la réalité et de donc de toutes souffrances inhérentes au cycle des vies et des morts.

Une fois qu’il eut réalisé l’éveil, le Bouddha n’eut plus qu’un seul objectif, faire en sorte que tous le réalisent à leur tour. C’est ce qu’il dit clairement dans le seizième chapitre du Sutra du Lotus, la Longévité de l’Ainsi-venant :

« Je me fais à chaque fois cette réflexion : comment mener les êtres à entrer dans la Voie sans supérieure et réaliser rapidement le corps du Bouddha ».

Or, cet éveil du Bouddha, en d’autres termes la vision de l’aspect véritable des choses, n’est pas du tout aisé à appréhender. Il le dit lui-même dans le deuxième chapitre du Sutra du Lotus, les Moyens :

« Ce que le Bouddha a mené à l’accomplissement est la Loi primordiale et rare, difficile à comprendre. Seul un Bouddha peut avec un autre Bouddha scruter parfaitement le véritable aspect des dharmas ».

 

Tout au long de ces vidéos, nous allons aborder le contenu de l’éveil du Bouddha, le processus par le biais duquel nous, humains ordinaires appréhendons le monde extérieur et le déformons, ce qui provoque toutes nos souffrances, comment nous pouvons nous aussi nous éveiller au véritable aspect des choses et voir la vraie réalité, c’est-à-dire devenir Bouddha.

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