Chapitre 18 - Les différentes écoles Nichiren c) Le courant de Nikkō

Dans le Traité qui ouvre les yeux (Kaimoku-shō 開目抄), Nichiren Daishōnin démontre de manière convaincante qu'il est le seul à propager l'enseignement authentique du Bouddha, capable de sauver tous les êtres pendant la période de la Fin du Dharma. À cet effet, il procède à une critique argumentée des religions et du bouddhisme en utilisant une série de cinq comparaisons, par lesquelles il procède par élimination méthodique.

La première comparaison oppose la voie extérieure (représentant toutes les visions dualistes) à la voie intérieure (le bouddhisme). Cette comparaison met en évidence l'invalidité de la voie extérieure.

La deuxième comparaison met en confrontation le Mahayana (Grand véhicule) et l'Hinayana (Petit véhicule), démontrant ainsi la supériorité du premier.

La troisième comparaison confronte les sutras circonstanciels du Grand véhicule, antérieurs au Sutra du Lotus, à ce dernier. Cette comparaison révèle que seul le Sutra du Lotus permet à tous les êtres de devenir Bouddha au cours de leur vie, éliminant ainsi tous les autres enseignements.

La quatrième comparaison s'effectue au sein même du Sutra du Lotus, entre ses quatorze premiers chapitres (représentant la doctrine éphémère) et ses quatorze derniers chapitres (représentant la doctrine originelle). Cette comparaison met en évidence que c'est dans la doctrine originelle que le Bouddha révèle l'éternité de sa vie, ainsi que les véritables causes, effets et lieux de son éveil. Ainsi, il est démontré que le véritable enseignement du Bouddha se trouve exclusivement dans la doctrine originelle du Sutra du Lotus.

La cinquième et dernière comparaison effectuée par Nichiren Daishōnin oppose le texte littéral de la doctrine originelle du Sutra du Lotus à ce qui est dissimulé au plus profond des phrases et qui doit être révélé pendant la période de la Fin du Dharma par le Bouddha fondamental lui-même.

Tout au long de cette série de vidéos, j'ai essayé de suivre cette démonstration en mettant l'accent sur la première comparaison, soulignant les différences entre le bouddhisme et les autres systèmes de pensée. En tant qu'Occidentaux, il est en effet crucial de comprendre cette distinction en premier lieu. C'est d'ailleurs pourquoi cette chaîne est intitulée "Naige Sōtai", qui est le nom donné à la première comparaison en japonais.

Nous avons ainsi constaté que seule la voie bouddhiste enseigne la véritable nature des choses, que seul le Sutra du Lotus permet de devenir Bouddha dans cette vie, et que seul Nichiren Daishōnin diffuse l'enseignement approprié aux êtres de la Fin du Dharma que nous sommes, nous permettant ainsi d'atteindre l'éveil au cours de notre existence, dès ce corps même.

Cependant, comme nous l’avons constaté, après le décès de Nichiren Daishōnin, son mouvement s'est divisé en plusieurs courants, chacun adoptant une interprétation différente de son enseignement. Certains de ces courants, malgré les nombreux écrits de Nichiren Daishōnin qui les contredisent, ne font pas de distinction entre la doctrine éphémère et la doctrine originelle du Sutra du Lotus. D'autres courants considèrent que le Bouddha fondamental est Shakyamuni lui-même.

Cependant, pour le courant de Nikkō, le Bouddha fondamental n'est autre que Nichiren Daishōnin lui-même. Parmi les six disciples majeurs de Nichiren Daishōnin, Nikkō Shōnin fut en effet le seul à considérer que le Bouddha est Nichiren et non pas Shakyamuni.

Il est important de comprendre les raisons pour lesquelles le courant de Nikkō, qui est devenu plus tard l'école Fuji, puis la Nichiren Shōshū (école orthodoxe de Nichiren) au XXe siècle, est le seul à propager l'enseignement de Nichiren Daishōnin dans toute son orthodoxie parmi les nombreuses écoles nichirenistes.

Pour cela, nous allons approfondir ce sujet en abordant d'abord la question de la transmission, puis celle de la doctrine, et enfin la question primordiale de la "théorie de Nichiren Bouddha fondamental".

À vrai dire, considérant que les propres disciples de Nichiren Daishōnin ainsi que leurs successeurs ne pouvaient être qualifiés de sots et que la notion de "Shakyamuni Bouddha fondamental" n'était pas dépourvue de logique, je n'ai jamais osé entreprendre l'étude des doctrines des autres écoles Nichiren, craignant sans doute que le doute ne s'éveille en moi.

Cependant, afin de réaliser ces vidéos, j'ai dû tout de même me pencher sur la question et étudier, même de manière superficielle, les enseignements des écoles autres que la Nichiren Shōshū. Le résultat est sans équivoque : seule la Nichiren Shōshū a préservé l'intégralité et l'authenticité de l'enseignement de Nichiren Daishōnin, depuis Nikkō Shōnin jusqu'à nos jours. La raison pour laquelle toutes les autres écoles pratiquent des rituels et dispensent des enseignements qui sont totalement étrangers à l'esprit même de Nichiren Daishōnin est simple : elles n'ont pas reçu la transmission vitale.

En effet, l'enseignement de Nichiren Daishōnin accorde une importance primordiale à cette transmission vitale.

Dans son écrit intitulé Grandes lignes des saints enseignements donnés par le Bouddha au cours de sa vie (ichidai shōkyō no tai-i - 一代聖教大), il écrit en effet : « sans la transmission, il serait difficile de connaître ce sutra ».

Qu'est-ce donc que cette transmission vitale ? Le terme "vitale" renvoie à la transmission des gènes des parents à leur progéniture, ou à la circulation sanguine qui, à travers les grandes artères, irrigue l'ensemble du corps en se répandant par les capillaires veineux. Ce phénomène incarne la cohérence et l'intégrité de la transmission du bouddhisme.

Quant au terme "transmission", il fait référence à la relation qui existe entre le maître (le Bouddha) et ses disciples, ces derniers recevant ainsi la transmission de son enseignement.

La transmission à la personne unique est un rituel qui trouve son origine à l'époque même de Shakyamuni. Après son parinirvāṇa, vingt-quatre patriarches, désignés sous le nom de "récipiendaires de la transmission du Dharma", lui succédèrent. Le premier fut Mahākāshyapa, suivi d'Ānanda, et ainsi de suite, jusqu'au VIe siècle de notre ère, où le dernier, Āryasimha, trouva la mort, décapité au Cachemire par le roi Dammira.

En ce qui concerne Nichiren Daishōnin, nous avons pu constater précédemment, dans les chapitres antérieurs à travers les écrits de transmission, qu'il avait sélectionné le seul Nikkō Shōnin pour devenir son successeur. Ce dernier procéda de manière similaire en transmettant son héritage exclusivement à Nichimoku Shōnin, par le biais d'un document intitulé "Articles à observer après le trépas de Nikkō" :

« Le Dai-Gohonzon de la 2e année du Kōan, qui est adressé à Nikkō, est transmis à Nichimoku. Il devra être enchâssé au temple de la doctrine originelle ».

Il existe en fait deux aspects de la transmission vitale. A ce sujet, Nichiren Daishōnin nous avertit :

"En cela, il y a deux sens : le général et le particulier. Si l'on se détourne ne serait-ce qu'un peu de ces deux significations, il est inutile de penser à devenir Bouddha. Ce sera la cause du cycle des vies et morts".

La transmission vitale présente deux facettes. La transmission particulière s'effectue à une seule personne. La transmission générale s'adresse à tous.

La première, la "transmission vitale particulière" s'effectue par le maître (Bouddha) qui, dans la perspective de la pérennité du Dharma après son extinction, choisit parmi ses disciples, celui qui dispose des qualités appropriées pour être son successeur. Il lui confie alors le corps du Dharma (dharma fondamental auquel le Bouddha s'est éveillé).

Dans le cas de Nichiren Daishōnin, parmi les nombreux disciples qui l'entouraient, il choisit le seul Nikkō Shōnin. Il définit "l'ordre de la transmission vitale : "Nichiren - Nikkō" et lui confia la substance du Dharma, de son éveil intérieur. De par cette transmission vitale, Nikkō, "grand guide de la propagation de la doctrine originelle" devint le successeur de Nichiren Daishōnin, "grand guide de la cinquième période de cinq cents ans".

Par la suite, Nichimoku Shōnin prit la relève de Nikkō Shōnin. Puis vinrent Nichidō Shōnin et tous les autres maîtres successifs, qui se transmirent la quintessence du Dharma de l'éveil intérieur de Nichiren Daishōnin, du maître au disciple, selon le critère de la transmission à la personne unique, conformément à l'esprit véhiculé par l'expression "Ordre de la transmission : "Nichiren - Nikkō". Chacun d'eux, en leur temps, gouverna l'École dans la continuité de l'esprit de Nichiren Daishōnin.

La Transmission des sept points du Gohonzon, un document de transmission secret et profond, fait référence à cet égard :

"Les Maîtres successifs seront tous Nichiren".

Ainsi, la substance du Dharma, éveil intérieur de Nichiren Daishōnin fut héritée par chaque successeur, selon le principe de la transmission à la personne unique. Cette transmission s'est effectuée jusqu'à aujourd'hui au temple principal de la Nichiren Shōshū, le Fuji Taisekiji.

Nichiren Daishōnin matérialisa la substance du Dharma de son éveil intérieur pour qu'il soit l'objet de culte, sous la forme du Gohonzon.

Dès lors, la substance du Dharma et le Gohonzon sont dans une relation de non-dualité. Aussi, à l'occasion de la transmission de la substance du Dharma, le Dai Gohonzon du Grand Sanctuaire (Kaidan), origine de tous les Gohonzon, fait partie de la transmission. Par ailleurs, Le Grand Patriarche, récipiendaire de la transmission, est le seul habilité à retranscrire le Gohonzon. Cette transmission particulière est appelée "transmission à la personne unique" ou "transmission de la substance du Dharma".

En ce qui concerne la "transmission générale", celle-ci s'effectue à tous par l'intermédiaire de la foi.

Pour ce qui est de la transmission de la substance du Dharma de Nichiren Daishōnin, celle-ci s'effectuant à la personne unique, les autres personnes ne peuvent en connaître le contenu. Cependant, Nichiren Daishōnin écrivait :

"Si le cœur de la foi est parachevé, l'eau de la sagesse du grand éveil égal ne tarira pas".

Ou encore :

"Coûte que coûte, à présent prenez la foi et devenez, en tant que pratiquant du Sutra du Lotus, disciple de Nichiren. Si vous avez le même esprit que Nichiren, ne seriez-vous pas un bodhisattva jailli de terre" ?

Il écrit également :

"Celui qui n'en connaît pas le sens, peut-il posséder les œuvres et vertus inhérentes à la compréhension du sens ? ... Pour le pratiquant débutant, même s'il n'en connaît pas l'esprit, le fait de le pratiquer, équivaut, de manière naturelle à en pénétrer le cœur".

Ceux qui se positionnent dans la relation de maître à disciple avec Nichiren Daishōnin, qui ont foi dans le Gohonzon et s'efforcent dans la pratique de la récitation du Daimoku, font tous partie du courant des bodhisattvas jaillis de terre. Ils peuvent alors bénéficier des œuvres et vertus de la substance du Dharma (la vie du Bouddha), grâce au principe selon lequel "la foi remplacer la sagesse".

Telle est la "transmission vitale générale" partagée par tous les pratiquants. Les êtres de la Fin du Dharma suivant Nichiren Daishōnin, grand guide de cette période, dans la relation de maître à disciple et ayant foi en lui, peuvent bénéficier de cette transmission vitale.

Toutefois, après l'extinction du Fondateur, c'est Nikkō Shōnin, récipiendaire de la transmission unique de la substance du Dharma que l'on considéra comme le grand guide. C'est en le considérant sous l'angle de la relation de maître à disciple, que les pratiquants aussi peuvent recevoir la transmission provenant de la substance du Dharma. Après Nikkō Shōnin, ce fut Nichimoku Shōnin, puis Nichidō Shōnin et, par la suite, chaque Grand Patriarche du moment, qui furent les intermédiaires permettant aux pratiquants de recevoir cette transmission de la substance du Dharma.

Cette transmission vitale ne pouvant s'opérer que par l'intermédiaire de la foi, elle est appelée "transmission vitale par la foi".

Depuis toujours, cette transmission vitale, tradition de notre école, a gêné les offenseurs du Dharma qui l'ont toujours niée. Ils insistent sur la transmission vitale par la foi, transmission générale, ne tenant pas compte de la transmission à la personne unique, transmission particulière.

Or, la transmission par la foi s'opère uniquement en s'appuyant sur la transmission particulière à la personne unique. Dès lors, la relation entre la transmission particulière et la transmission générale est semblable, dans le cas des vaisseaux sanguins du corps humain, à la relation entre l'aorte et les vaisseaux capillaires. Dans le cas des rivières, elle est semblable à la relation entre le courant principal et les affluents. L'ordre des choses est solennellement établi dans la nature.

Il en est de même dans le Dharma du Bouddha. C’est la raison pour laquelle, encore une fois, Nichiren Daishōnin écrit dans le Gosho :

"Si l'on s'éloigne, ne serait-ce qu'un peu des deux significations du général et du particulier, il est inutile de penser devenir Bouddha. Car c'est là l'origine du cycle des vies et morts".

Approfondissons maintenant avec davantage de précision la question de la transmission vitale du Dharma à la personne unique, dans la mesure de nos connaissances et des éléments dont nous disposons.

Cette transmission revêt une importance capitale au sein de la Nichiren Shōshū, car elle constitue, aux côtés du Dai Gohonzon du grand Sanctuaire, le socle fondamental de l'École depuis ses origines. Cependant, il existe peu de textes traitant spécifiquement de cette question. En raison de sa nature de transmission à une personne unique, elle demeure une notion extrêmement complexe à appréhender, aussi bien pour les moines en général, à l'exception du Grand Patriarche, que pour les croyants laïcs.

Personne ne dispose des moyens de connaître le contenu précis de cette transmission, ni même le moment où elle s'opère. En réalité, elle ne revêt pas de forme prédéterminée. Dans l'écrit de transmission du mont Minobu, qui relate la transmission entre Nichiren Daishōnin et Nikkō Shōnin, Nichiren Daishōnin mentionne qu'il transmet l'essence de son enseignement à Byakuren Ajari Nikkō. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que cette lettre renferme l'intégralité du contenu de la transmission. La relation qui a perduré de nombreuses années entre Nichiren Daishōnin et Nikkō Shōnin était une relation maître-disciple. En effet, pendant de nombreuses années, Nikkō Shōnin a servi Nichiren Daishōnin. Par conséquent, il est tout à fait naturel de penser que la transmission entre Nichiren Daishōnin et Nikkō Shōnin s'est opérée dans la pratique et l'entraînement quotidiens, tout au long de ces années.

Lors d'une conférence tenue le 28 août 1992 dans le Kyakuden du Taisekiji, à l'occasion du 41ème séminaire d'étude des maîtres enseignants, le 67ème grand patriarche Nikken Shōnin utilisa l'expression "feuilles d'or". En réalité, c'était la première fois que les moines entendaient cette expression de "transmission des feuilles d'or". Par conséquent, cette transmission des feuilles d'or demeure exclusivement connue des Grands Patriarches successifs, les autres moines n'ayant pas la possibilité d'en connaître le contenu.

 

Nikken Shōnin commença par expliquer la nature de la transmission. Dans cette transmission, il y a deux aspects, deux facettes : celui qui donne et celui qui reçoit. Le 56ème Grand Patriarche, Nichiō Shōnin, aborda la question de la transmission dans son ouvrage intitulé "Distinction entre l'illusion et l'observation de l'esprit". Il rédigea ce traité en réponse à des attaques visant à nier l'existence de la transmission vitale à la personne unique dans la Nichiren Shōshū. Les Grands Patriarches ont toujours pris la plume pour réfuter les affirmations erronées des autres écoles concernant la transmission, en rédigeant des textes à cet effet.

Dans le traité de Nichiō Shōnin, il est mentionné :

"Dans la transmission vitale à la personne unique, il y a la transmission spécifique et la transmission générale. La transmission spécifique concerne le corps du Dharma, c'est-à-dire le Dai Gohonzon, tandis que la transmission générale concerne la doctrine. Cependant, celui qui reçoit la transmission spécifique du corps du Dharma est le Maître qui guide les êtres. En ce qui concerne la transmission générale, qui est celle de la doctrine, tous les croyants la reçoivent individuellement."

Ainsi, seule une personne peut recevoir la transmission du corps du Dharma : le Grand Patriarche.

Nichiō Shōnin ajoute également :

"En héritant de la transmission vitale du corps du Dharma à la personne unique, depuis Nichiren Daishōnin et Nikkō Shōnin jusqu'au cinquantième et quelques successeurs, le Taisekiji a préservé l'objet de la foi qu'est le corps du Dharma sans que le moindre héritier ne soulève la moindre déviation."

La transmission spécifique est mentionnée dans la phrase suivante :

"Le corps du Dharma, qui est l'objet de la transmission spécifique, est le Dai Gohonzon du grand Sanctuaire de la doctrine originelle, soigneusement préservé dans notre temple."

Il poursuit en affirmant :

"En plus de la réception du corps du Dharma, il existe une transmission des paroles d'or à la personne unique. Celui qui n'a pas reçu la transmission des paroles d'or du successeur direct ne peut en aucun cas inscrire de Gohonzon."

La transmission des paroles d'or est une transmission orale. Au sein de la Nichiren Shōshū, cette transmission des paroles d'or englobe tous les aspects de la transmission. À l'intérieur de cette transmission orale, il y a la transmission des feuilles d'or, qui représente la transmission de documents.

Nous connaissons les transmissions connues sous le nom de « Transmission du Mont Minobu » et « d'Ikegami », qui sont les deux textes traitant de la transmission entre Nichiren Daishōnin et Nikkō Shōnin. Ensuite, il existe un texte de Nikkō Shōnin qui est la transmission de Nikkō Shōnin à Nichimoku Shōnin. Il y a également un texte en douze points de Nichimoku Shōnin concernant la transmission à Nichidō Shōnin. Nous pouvons lire ces textes car ils existent. Dans la Transmission orale de la doctrine (Ongi Kuden), nous pouvons lire que cette transmission orale inclut la transmission des feuilles d'or.

Les paroles d'or contiennent également les points importants qui sont transmis par le biais des feuilles d'or. Les feuilles d'or se trouvent au sein de la transmission des paroles d'or. C'est-à-dire que les points essentiels sont naturellement transmis de cette manière. Ainsi s'explique la diversité des feuilles d'or dans la Nichiren Shōshū.

Le contenu de la transmission des paroles d'or existe grâce à la profonde sagesse du Bouddha, qui se manifeste à travers des documents connus sous le nom de feuilles d'or. Ainsi, ce que le Bouddha enseigne constitue la transmission des paroles d'or. Cette sagesse profonde est consignée dans des documents, appelés les feuilles d'or.

En réalité, dans la Nichiren Shōshū, c'est la transmission des paroles d'or qui englobe l'intégralité de la transmission. Ainsi, la transmission des paroles d'or se réalise fondamentalement entre celui qui la transmet et celui qui la reçoit.

Pour appréhender la nature de cette transmission, il est possible d'établir un parallèle avec la cérémonie de Gojukai, la remise du précepte. Lors de Gojukai, il y a celui qui transmet le précepte et celui qui le reçoit. C'est cette interaction entre les deux personnes qui constitue Gojukai. La transmission des paroles d'or fonctionne de manière similaire : il y a un transmetteur et un récepteur des paroles. Sans l'un, l'autre ne peut exister.

La différence entre Gojukai et la transmission vitale réside dans le fait que, pour Gojukai, il n'y a qu'une seule forme définie. Il n'est pas possible d'en envisager une autre. En revanche, la transmission vitale peut prendre de nombreuses formes. C'est là la grande différence. Par exemple, il arrive que de jeunes Shōnin soient désignés pour recevoir la transmission. Ils sont alors éduqués et protégés en conséquence pendant de nombreuses années, jusqu'à ce qu'il soit jugé qu'ils sont prêts à la recevoir.

Quoi qu'il en soit, pendant plus de sept siècles au sein de la Nichiren Shōshū, le corps du Dharma, c'est-à-dire le Dai Gohonzon du grand Sanctuaire, a été transmis de manière correcte jusqu'à nos jours. Et nous pouvons avoir foi en la continuité de la transmission des paroles de Nichiren Daishōnin à l'infini du futur. L'essentiel est de croire et de comprendre que la sagesse du Bouddha Nichiren Daishōnin est permanente et éternelle.

Avant de conclure ce chapitre, il me semble opportun de répondre à des questions déjà posées.

Question : Est-ce que l'on doit comprendre que la transmission vitale est un processus continu, où est-ce qu'elle intervient à un moment donné ?

Réponse : On ne peut pas le savoir. Si l'on prend l'exemple de Nichiren Daishōnin et de Nikkō Shōnin, peut-être est-ce que Nichiren Daishōnin a dit à Nikkō Shōnin à un moment donné qu'il sera son successeur ; ou alors, la transmission s'est peut-être effectuée pendant toutes ces années où Nikkō Shōnin a servi Nichiren Daishōnin. De toute façon, il y a toujours le principe de la personne qui transmet à la personne qui reçoit.

* * *

Question : Qu'en est-il de la désignation par le Grand Patriarche de la personne à qui il transmet ?

Réponse : C'est une question très compliquée. Peut-être, si l'on a des biens à léguer et de nombreux enfants, fait-on un testament. Mais la transmission ne se passe pas de cette façon. La transmission n'est certainement pas quelque chose de mystique. Si on la considère selon ce point de vue, on se trompe. Avant Nichiren Daishōnin, il y avait Tendai en Chine et Dengyō au Japon. Pour tous, la transmission se faisait de maître à disciple. Dans le bouddhisme tibétain également, la transmission se fait de maître à disciple. La forme fondamentale en est, dans le Sutra du Lotus, la transmission entre Shakyamuni et son disciple Pratique-Supérieure. La transmission de maître à disciple a toujours été présente dans le bouddhisme.

C'est pourquoi, dans la Nichiren Shōshū, aussi bien cette transmission vitale que le Dai Gohonzon sont les deux choses les plus importantes. Si ce n'était pas ainsi, Nikkō Shōnin aurait fait la même chose que les moines aînés : la doctrine aurait été perdue. Et le Gohonzon aurait été perdu.

Dans une certaine organisation, on dit que si on a le Gosho et le Gohonzon, cela suffit pour avoir la transmission. Le Gosho fait partie de la transmission de la doctrine. Tout le monde peut y accéder. Seulement, pour ce qui est du Gohonzon, il s'agit de la transmission à la personne unique. C'est la transmission du corps du Dharma. Si l'on pense qu'avoir le Gohonzon suffit et que l'on n'a pas besoin de la personne qui a reçu la transmission vitale, on n'est pas relié au Dai Gohonzon. Notre Gohonzon n'est que la reproduction du Dai Gohonzon. Le Dai Gohonzon est l'objet de la transmission à la personne unique. Si on nie la personne qui a reçu le Dai Gohonzon, on se coupe du Dai Gohonzon.

* * *

Question : Nichiren Daishōnin a-t-il inscrit un Gohonzon adressé nominativement à Nikkō Shōnin ? Les Grands Patriarches inscrivent-ils un Gohonzon pour désigner leur successeur ?

Réponse : La réponse aux deux questions est non. On ne peut pas dire que le Gohonzon que Nikkō Shōnin a dédié à Nichimoku Shōnin -que vous avez peut-être vu dans le Kyakuden- constitue toute la transmission. Quand Nikkō Shōnin lui a transmis ce Gohonzon, Nichimoku Shōnin n'est pas devenu Grand Patriarche. La totalité de la transmission, c'est la transmission des paroles d'or.

* * *

Question : La transmission s’opère-t-elle au moment où les Grands Patriarches inscrivent des Gohonzon ?

Réponse : Le Gohonzon n'est que la reproduction du Dai Gohonzon. Il y a des Grands Patriarches qui ont inscrits beaucoup de Gohonzon. Il y en a d'autres qui n'en n'ont pas inscrits. C'est le Grand Patriarche qui décide si, selon les conditions de l'époque, il faut ou non en inscrire. Un Grand Patriarche a le pouvoir d'inscrire le Gohonzon. Mais les conditions de l'époque sont déterminantes. C'est le Grand Patriarche qui en juge. Lui seul peut décider si c'est le moment d'en inscrire.

* * *

Question : Entre qui peut-on parler de relation de maître à disciple ?

Réponse : Dans la Nichiren Shōshū, il existe une relation de maître à disciple de Grand Patriarche à Grand Patriarche. Elle existe également entre le Grand Patriarche et les moines.

Depuis Nichiren Daishōnin, le mot disciple n'est utilisé que pour les religieux. Les laïcs sont, quant à eux, des bienfaiteurs.

 

Ainsi, la transmission vitale est la garantie de l’authenticité de la Nichiren Shōshū au regard de l’enseignement de Nichiren Daishōnin. Dans le prochain chapitre, nous aborderons la véritable doctrine de Nichiren Daishōnin proprement dite, que seule, la Nichiren Shōshū enseigne et transmet.

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