Question n° 25

L’important n’est-il pas de réciter Daimoku ?

Question : que l’on soit membre de la Sōka Gakkai, pratiquant de la Nichiren Shōshū ou de la Nichiren Shū, l’important n’est-il pas de réciter le Daimoku Nam Myōhōrengekyō ?

Réponse : Si l'on prétend suivre l'enseignement de Nichiren Daishōnin, il semble indispensable de le pratiquer conformément aux instructions de Nichiren Daishōnin lui-même.

De nombreuses religions à travers le monde récitent le Daimoku "Nam-Myōhōrengekyō". Les adeptes de ces religions le récitent pour différents motifs, par exemple pour atteindre le bonheur, rendre leur famille heureuse ou en tant qu'offrande à leurs ancêtres. Cependant, la récitation de Nam-Myōhōrengekyō procure-t-elle les mêmes œuvres et vertus, les mêmes bienfaits à tous ceux qui le récitent ?

Dans le Traité sur l’adoption de l’essentiel de la Fleur du Dharma, (Hokke shuyō-shō - 法華取要抄) Nichiren Daishōnin écrit :

« Question : quels sont les Dharmas secrets laissés par Nagarjuna, Vasubandhu, Tendai et Dengyō au cours des quelque deux mille ans qui se sont écoulés depuis l’extinction du Bouddha ?

La réponse est : les cinq caractères du Honzon, de l’Estrade des préceptes et du Daimoku de la doctrine originelle ».

Dans l’Héritage des Trois Grands Dharmas secrets (Sandaihihō Bonjōji -三大秘法稟承事), Nichiren Daishōnin écrit :

« L’unique raison pour laquelle tous les bouddhas sont venus en ce monde pour prêcher le Sutra du Lotus, est que ce sutra contient les trois grands Dharmas secrets. Il faut le taire, il faut le tenir secret. »

Ce passage révèle que les trois grands Dharmas secrets incarnent l'essence fondamentale du Sutra du Lotus. Les trois grands Dharmas secrets se composent du Honzon de la doctrine originelle, de l’Estrade des préceptes (Kaidan) de la doctrine originelle, et du Daimoku de la doctrine originelle. Cela correspond précisément à l'objectif véritable de l'apparition de Nichiren Daishōnin en ce monde, comme le démontre ce texte.

Dans le bouddhisme, il existe trois disciplines fondamentales que tous les pratiquants doivent inévitablement cultiver : les préceptes, la concentration et la sagesse. Les préceptes consistent à mettre en pratique le bien et à prévenir le mal. La concentration consiste à pacifier les perturbations du corps et de l'esprit et à les maintenir dans un état de vie stable. La sagesse est l'élément clé qui permet d'accéder à la vérité. Les préceptes favorisent la concentration, cette dernière génère la sagesse.

Dans la Transmission orale de la doctrine (Ongi kuden - 御義口伝), Nichiren Daishōnin dit sans ambages :

« Les trois disciplines des préceptes, de la concentration et de la sagesse sont la concrétisation des trois grands Dharmas secrets du chapitre Durée de la vie ».

Dans la Transmission orale des trois grands Dharmas secrets à Pratique-Supérieure (Jōgyō shoden san dai hihō guketsu 上行所伝三大秘法口決), il précise :

« Le précepte aussi imperturbable que l’espace est l’estrade des préceptes de la doctrine originelle, la concentration aussi imperturbable que l’espace est le Honzon de la doctrine originelle et la sagesse aussi imperturbable que l’espace est le Daimoku de la doctrine originelle ».

Faisant un examen analytico-synthétique des trois grands Dharmas secrets, le 26ème grand patriarche Nichikan Shōnin donne un enseignement profond dans le « Traité sur le jugement des phrases selon leur signification » :

« Question : Si tel est le cas, quel est l'aspect de l'ouverture et de l’intégration des trois grands Dharmas secrets ?

Réponse : En réalité, c'est le grand Dharma secret unique. Le grand Dharma secret unique est le Honzon de la doctrine originelle. Le lieu où demeure ce Honzon est appelé l’Estrade des préceptes (Kaidan) de la doctrine originelle. Le fait de croire en ce Honzon et de réciter le Dharma merveilleux est appelé le Daimoku de la doctrine originelle. C’est pourquoi, (le grand Dharma secret unique) peut être ouvert en trois grands Dharmas secrets. Par ailleurs, le Honzon est constitué de la Personne et du Dharma. De même, le Grand sanctuaire (Kaidan) se subdivise en (Grand sanctuaire) théorique et (Grand sanctuaire) manifeste. Enfin, le Daimoku se subdivise en (Daimoku de la) foi et Daimoku (en tant que) pratique. C’est pourquoi, en ouvrant (les trois Dharmas secrets), nous trouvons six significations. Lorsque ces six significations sont dispersées, nous obtenons quatre-vingt mille corbeilles des enseignements. Par exemple, dans les Mémoires des moines éminents il est écrit : "L’esprit est la totalité de la substance de tous les dharmas. Divisé, il devient préceptes (kai), concentration (jō) et sagesse (e). Ouvert, il devient les six perfections qui, dispersées, deviennent toutes les pratiques." Vous devez savoir que le Honzon est la totalité de la substance de tous les dharmas. Par conséquent, si vous les mettez ensemble, les quatre-vingt mille corbeilles du Dharma deviennent six significations. Si vous intégrez ces six significations, vous obtenez les trois grands Dharmas secrets. Enfin, si vous intégrez les trois grands Dharmas secrets, vous obtenez le Honzon de la doctrine originelle, unique grand Dharma secret. Par conséquent, le Honzon du Kaidan de la doctrine originelle est également appelée le Honzon dans lequel les trois grands Dharmas secrets sont présents. »

Par conséquent, Nichikan Shōnin enseigne que le principe fondamental du bouddhisme se situe dans le Honzon de l’Estrade des préceptes de la doctrine originelle qui est l’unique grand Dharma secret. En d’autres termes, la base des trois grands Dharmas secrets est le Dai Gohonzon de l’Estrade des préceptes de la doctrine originelle, qui est le Honzon fondamental qui guide tous les êtres sensibles vers la Bouddhéité.

Dans Les Difficultés du Saint (Shōnin gonanji - 聖人御難事), Nichiren Daishōnin écrit :

« Face au sud, dans le sanctuaire du Bouddha du pavillon de tous les Bouddhas du temple appelé Seichōji, à l’heure du cheval, j’ai parlé pour la première fois de cette doctrine. Cela fait à présent vingt-sept ans en cette deuxième année de Kōan, année du lièvre, signe de terre cadette. Il fallut plus de quarante ans au Bouddha, plus de trente ans au grand maître du Tendai, plus de vingt ans au grand maître Dengyō pour qu’ils réalisent le but de leur venue en ce monde. Inutile d’évoquer les difficultés qu’ils rencontrèrent. Je les ai déjà mentionnées. Moi, il m’a fallu vingt-sept ans. Les épreuves que j’ai endurées sont telles que vous les connaissez ».

Le Dai Gohonzon, but ultime de la venue en ce monde de Nichiren Daishōnin est donc l’objet de vénération fondamental de ses disciples et adeptes. A la fin de sa vie, par le biais des deux lettres de transmission de Minobu et d’Ikegami, Nichiren Daishōnin transmit l’intégralité de son enseignement, ainsi que le Dai Gohonzon à son successeur unique, Nikkō Shōnin, qui les transmit à son tour à Nichimoku Shōnin et ainsi de suite jusqu’à nos jours.

Dans le Gosho intitulé Les sept points du Gohonzon, dicté par Nichiren Daishōnin à Nikkō Shōnin le 10 octobre 1282, soit trois jours avant son trépas, il est écrit :

"Pourquoi les patriarches successifs devront-il y inscrire ‘Nichiren Zai go han’ (Nichiren, sceau de sa présence – 日蓮 - 在御判) ?

Le maître répond : c’est un profond secret ; cela signifie que tous les Shōnin successifs seront Nichiren".

Ce passage indique clairement que, du fait de la transmission vitale à la personne unique, seuls les grands Patriarches successifs de la Nichiren Shōshū seront habilités à inscrire des Gohonzon.

Le Daimoku récité avec foi en ce Gohonzon de la doctrine originelle s’appelle "le Daimoku de la doctrine originelle" et est le seul Daimoku menant à la bouddhéité, le seul objectif de la pratique du Bouddhisme.

Qu’est-ce que le Daimoku de la doctrine originelle (Honmon no Daimoku 本門の題目)

Dans un passé hors le temps et l’espace, un saint est apparu et s’est éveillé au Dharma inconcevable de la simultanéité de la cause et de l'effet. Ce Dharma unique était la substance contenue dans tous les événements des mondes des dharmas. Le saint nomma ce Dharma "Myōhōrenge". Ce Dharma merveilleux est le Honzon de l’unicité de la Personne et du Dharma. Le Nam-Myōhōrengekyō que récita ce Saint après avoir réalisé ce Dharma et fait naître en lui la conviction, est le Daimoku de la doctrine originelle.

Concernant le Honzon de la doctrine originelle, il constitue la substance immuable du Bouddha originel. Le Daimoku, par lequel le pratiquant fusionne avec l’objet qu’est ce Honzon, est le Daimoku de la doctrine originelle. En outre, lorsque les êtres éveillent leur foi envers ce Honzon de la fusion parfaite de l’objet et du sujet, tel que révélé par le Bouddha originel, et récitent Nam-Myōhōrengekyō, leur Daimoku devient, par conséquent, le Daimoku de la doctrine originelle enseigné par le Bouddha originel. "Namu" a été traduit par "prendre refuge dans les trois trésors". En Japonais, cette expression signifie "retourner sa vie" ; les six organes sensoriels (vue, ouïe, odorat, toucher, goût et intellect), ainsi que les six objets correspondants (formes et couleurs, sons, odeurs, tangibilité, saveurs et les phénomènes) proviennent tous de l’esprit. Dès lors, "retourner sa vie" signifie que tous ces éléments retournent à leur origine, c’est-à-dire l’esprit. Or, dans la Transmission orale de la doctrine, Nichiren Daishōnin précise que l’on retourne sa vie à la Personne et au Dharma en ces termes :

« (Retourner sa vie à) la Personne, c’est retourner sa vie au vénéré Shakya, (retourner sa vie au) Dharma, c’est retourner sa vie au Sutra du Lotus ».

Or, dans l’Exégèse du traité sur le Honzon de la contemplation de l’esprit (Kanjin no Honzon shō mondan - 観心本尊抄文段) de Nichikan Shōnin, on peut lire :

« Le nom du "Vénéré Shakya" fut le même tout au long de sa vie. Toutefois, sa substance présente six sortes de différences. En effet, (il y eut le Shakyamuni des enseignements) des corbeilles, communs, particuliers, éphémère, originel et du profond des phrases. Rappelez-vous cette transmission, enseignant l’identité du nom et la différence de substance ».

Le Shakyamuni "du profond des phrases" est bien entendu le Bouddha originel de la Fin du Dharma, Nichiren Daishōnin. Retourner sa vie implique donc de placer le Honzon de l’unicité de la Personne et du Dharma au centre de sa vie et de ne faire qu'une seule entité avec lui.

Il est primordial d'avoir la conviction qu'il n'existe pas d'autre moyen de devenir Bouddha que de recevoir avec foi le Grand Mandala Honzon de la doctrine originelle. En récitant le Daimoku, qui est le nom de ce Mandala, nous atteignons naturellement la bouddhéité grâce à la fusion de cet immense objet qu’est le Honzon avec la sagesse de notre foi. Dans la Fin du Dharma, il ne s’agit pas de mettre en avant la compréhension de la sagesse du Bouddha, mais de se concentrer uniquement sur la pensée de la foi.

En ce sens, Nichiren Daishōnin écrit dans Les quatre étapes de la foi et les cinq étapes de la pratique (shishin gohon shō 四信五品抄) :

« Question : Si une personne récite simplement Nam-Myōhōrengekyō sans en comprendre le sens, les bienfaits de la compréhension seront-ils inclus [dans cette pratique] ?

Réponse : Quand un bébé boit du lait, il n’en comprend pas le goût et pourtant son corps s’en nourrit naturellement. A-t-on déjà vu quelqu’un prendre les merveilleux remèdes de Jivaka en ayant connaissance de leur composition ? Quoique dépourvue d’intentions, l’eau éteint le feu. Le feu consume les choses, mais comment pourrions-nous dire qu’il le fait consciemment ? (…) Les cinq caractères de Myōhōrengekyō ne représentent ni la lettre du sutra ni sa signification. Ils n’incarnent rien d'autre que l'intention essentielle du sutra tout entier. Ainsi, même si les pratiquants novices ne saisissent pas pleinement son esprit profond, le simple fait de les réciter les guidera naturellement vers l’intention essentielle du sutra ».

Les bienfaits de la récitation de Daimoku sont incommensurables. Ils représentent les œuvres et vertus du Daimoku de la doctrine originelle.

Réciter le Daimoku de la doctrine originelle avec foi en le Gohonzon de la doctrine originelle est donc la voie directe vers la bouddhéité dans cette vie.

En revanche, tout comme utiliser des billets de banque contrefaits, même à son insu, constitue une grave infraction passible de prison, réciter le Daimoku devant un Gohonzon non relié au Dai Gohonzon, but ultime de la venue en ce monde de Nichiren Daishōnin, équivaut à réciter le Daimoku devant un faux Gohonzon. Par conséquent, il s'agit dès lors d'un faux Daimoku, ce qui ne peut que conduire vers les trois mauvaises voies.

Je sais qu’on me rétorquera que « l’important c’est la foi ». La foi est effectivement la condition sine qua non pour atteindre la bouddhéité, encore faut-il que l’objet de cette foi soit correct. Avoir foi en un escroc mène à la ruine. Il convient donc de réfléchir sur la base des quatre pouvoirs du Dharma merveilleux.

Les quatre pouvoirs du Dharma merveilleux font référence aux pouvoirs nécessaires pour devenir Bouddha dès ce corps (atteindre la bouddhéité) et renvoient aux quatre types de pouvoir : pouvoir de la foi, pouvoir de la pratique, pouvoir du Bouddha et pouvoir du Dharma.

Le pouvoir de la foi et le pouvoir de la pratique se réfèrent au pouvoir personnel du pratiquant qui reçoit avec foi le Gohonzon, tandis que le pouvoir du Bouddha et le pouvoir du Dharma se réfèrent aux pouvoirs merveilleux du Gohonzon, objet de la foi et de la pratique.

L’enseignement de Nichiren Daishōnin est fondamentalement différent des croyances unilatérales des autres religions, telles que la croyance en ces propres pouvoirs ou la croyance en des pouvoirs extérieurs.

Dans le Traité sur le Honzon de la contemplation de l’esprit, Nichiren Daishōnin écrit :

« Les deux lois des pratiques causales et des effets de vertus du Vénéré Shakya sont incarnées dans les cinq caractères de Myōhōrengekyō. Si nous recevons et gardons ces cinq caractères, il nous accordera naturellement les œuvres et vertus de sa causalité ».

Ce passage enseigne les œuvres et vertus relatives au fait de recevoir et garder le Dharma merveilleux.

A son sujet, Nichikan Shōnin écrit :

« Ce passage révèle quatre sortes de pouvoirs. En effet : "Si nous recevons et gardons" désigne le pouvoir de la foi et de la pratique. "Les cinq caractères" font référence au pouvoir du Dharma. Comment "il nous accordera naturellement" pourrait-il ne pas être le pouvoir du Bouddha » ?

En d'autres termes, avoir foi en le Gohonzon et être convaincu qu'il n'existe pas d'autre voie pour atteindre la bouddhéité constitue le pouvoir de la foi. Réciter le Daimoku sans y mêler d'autres enseignements représente le pouvoir de la pratique. L'immensité et la profondeur des œuvres et vertus du Gohonzon incarnent le pouvoir du Dharma. Afin de sauver les êtres, le Bouddha originel a révélé le Gohonzon. Le pouvoir de sauver les êtres que possède ce Gohonzon est le pouvoir du Bouddha.

Ces dernières années, la Sōka Gakkai, en commercialisant de faux Honzon, a promu la théorie fallacieuse selon laquelle les pouvoirs de la foi et de la pratique des êtres ordinaires génèrent le pouvoir du Bouddha et le pouvoir du Dharma du Honzon. Cette prétention constitue une inversion de la causalité et des rôles, et témoigne d'une grande arrogance.

Les quatre pouvoirs du Dharma merveilleux sont expliqués par Nichikan Shōnin dans son Exégèse du traité sur le Honzon de la contemplation de l’esprit, en utilisant l'analogie de la fleur de lotus :

« La fleur symbolise le pouvoir de la foi. Le lotus représente le pouvoir de la pratique. L'eau incarne le pouvoir du Dharma. Le soleil, quant à lui, figure le pouvoir du Bouddha. Il est essentiel de comprendre que la fleur de lotus émerge grâce à l'eau, mais si elle ne reçoit pas les bienfaits des rayons du soleil, elle périra dans l'ombre. De la même manière, bien que les pouvoirs de notre foi et de notre pratique émergent grâce au pouvoir du Dharma, sans le pouvoir du Bouddha pour nous illuminer, nous sommes voués à régresser dans notre foi et notre pratique ».

Cela signifie que le pouvoir de la foi et de la pratique des êtres sensibles découle du pouvoir du Dharma du Gohonzon et, en outre, que nous pouvons bénéficier du pouvoir du Bouddha et parvenir à la foi correcte.

Le Gohonzon, qui est transmis dans la lignée correcte de la transmission vitale, contient le pouvoir du Bouddha et le pouvoir du Dharma, et par conséquent, l'acte de croire au Gohonzon et de réciter le Daimoku contient la pratique de l’observation de l’esprit menant à l'atteinte de la bouddhéité dès ce corps.

Comprenons correctement les quatre pouvoirs du Dharma merveilleux et suivons sans hésitation la voie directe vers la bouddhéité.

 

 

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