Question n° 20

Le concept de compassion bouddhiste selon Nichiren Daishōnin

Question 20

Pourriez-vous m'expliquer le concept de compassion bouddhiste de Nichiren Daishōnin, merci.

 

Réponse

Ces dernières années, la pandémie mondiale de coronavirus a imprégné l'atmosphère d'une angoisse inédite quant à l'avenir et à l'issue de l'infection. Au Japon, la période de l'état d'urgence a vu émerger ce qu'il est convenu d'appeler la "police de l'auto-restriction". Cette expression désigne ces individus qui répriment ou agressent ceux qui se soustraient aux consignes gouvernementales. Ainsi, dans de nombreuses régions, ont été signalés des appels téléphoniques harcelants, des affichages dans les commerces, ainsi que des actions éclair visant les véhicules immatriculés hors de la préfecture. Craignant les représailles, certains automobilistes du comté d'Adachi, à Tokyo, sont même allés jusqu'à apposer sur leur voiture, dans la préfecture voisine de Chiba, un panneau indiquant "J'habite à Chiba".

Ainsi s'est exprimé le grand patriarche Nichinyo Shōnin : "Que règne la paix ou que surviennent les conflits, que l'on connaisse le bonheur ou le malheur, tout dépend en réalité du cœur des hommes. Si tous les peuples du monde, quels qu'ils soient, se soutenaient mutuellement avec l'esprit de la grande compassion et miséricorde du Bouddha, qui aspire à sauver l'humanité tout entière, nous ne verrions pas aujourd'hui se produire tant de tragiques incidents et d'accidentelles infortunes." Il souligne que la véritable cause de ces événements funestes réside dans le cœur même des êtres.

Je voudrais donc me pencher sur la signification que revêt l'enseignement du vénérable Patriarche lorsqu'il évoque d'avoir pour cœur la grande compassion et la miséricorde du Bouddha.

Au chapitre des Moyens salvifiques (le Hōbenpon) du Sutra du Lotus, que nous lisons lors de nos Gongyō quotidiens, se trouve ce passage où le Bouddha déclare à son disciple Shāriputra : "Shāriputra, le savoir et la vision de l'Ainsi-venant sont vastes et profonds, incommensurables." (Sharihotsu, Nyorai chiken Kōdai jin non).  C'est là l'affirmation de la sagesse insondable du Bouddha pour guider les êtres. L'une de ces sagesses est qualifiée d'"incommensurable" ; il s'agit en l'occurrence des "quatre comportements sans limites".

Les quatre comportements sans limites sont les quatre grands esprits incommensurables détenus par le Bouddha pour guider les êtres vers l'éveil. Il s'agit de l'esprit incommensurable de bienfaisance, de compassion, d'empathie joyeuse et d'équanimité.

Le premier consiste à procurer la tranquillité d'esprit aux autres.

Le second vise à supprimer la souffrance d'autrui.

Le troisième est cet esprit de joie face au bien-être et à la sérénité des gens, exempt de jalousie.

Quant au quatrième, il se caractérise par le renoncement à l'amour et à la haine, et une considération équanime envers tous.

En d'autres termes, la compassion, ou plus précisément la compassion et la miséricorde du Bouddha, fait référence à son sentiment de vouloir soustraire les êtres à leur souffrance pour leur procurer la joie, ainsi qu'à son comportement consistant à les instruire de manière à les conduire de l'angoisse au véritable bonheur.

Le seul Bouddha absolu qui puisse nous conduire à la bouddhéité et nous rendre heureux en cette époque de la Fin du Dharma est notre fondateur, Nichiren Daishōnin.

En 1253, Nichiren Daishōnin prêcha l'enseignement de Nam-Myōhōrengekyō, affirmant que la voie du salut pour les individus vivant à l'époque de Kamakura (1185-1333) - période de grands séismes, de pluies diluviennes, de vents violents, de famine, d'épidémies et de guerres, tout comme aujourd'hui - résidait dans la foi en cet enseignement. À cette époque au Japon, les doctrines erronées de l'école de la Terre pure, consistant en l'invocation du Nenbutsu (Namu Amidabutsu), ainsi que celles des écoles Shingon et Zen, toutes pernicieuses, étaient largement répandues. Nichiren Daishōnin mit ainsi en exergue ces faux enseignements constituant une offense au Dharma, et décida de diffuser les préceptes du Dharma merveilleux afin de sauver le peuple.

Cette action suscita le ressentiment des moines et des fidèles laïcs des écoles hétérodoxes. Comme il l'écrivit lui-même, Nichiren Daishōnin subit "quatre grandes persécutions et d'innombrables persécutions mineures". Il fut maltraité, violemment persécuté, et son habitation incendiée. Il fut également accusé de crimes dont il était innocent et faillit être décapité à la suite d'une conspiration du puissant shogunat de Kamakura, avant d'être condamné à l'exil en tant que criminel à Izu, puis sur l’île de Sado. Malgré cela, Nichiren Daishōnin n'a jamais nourri de rancœur envers ceux qui agissaient de la sorte. Au contraire, avec le cœur empli de la compassion et de la miséricorde du Bouddha, il poursuivit la prédication des enseignements du Dharma merveilleux jusqu'à sa mort, à l'instar d'une mère qui nourrit et élève son enfant avec amour, afin que tous les habitants du monde puissent être soulagés de la souffrance et mener une existence prospère et paisible.

En ce qui nous concerne, rendons tout d'abord grâce à Nichiren Daishōnin, qui a prêché l'enseignement de Nam-Myōhōrengekyō, source de notre bonheur. Comme il le disait lui-même, croyons fermement au Gohonzon et efforçons-nous du mieux possible dans nos pratiques de Gongyō et de récitation du Daimoku quotidiennes, afin de faire nôtres les précieuses sagesse et compassion du Bouddha.

Certes, le monde a récemment été en proie aux bouleversements de la pandémie de coronavirus, mais même après la fin de cette confusion, de nouvelles perturbations surviendront sans cesse. Dans une telle situation, l'essentiel est de toujours entretenir un cœur pur, non seulement pour mener une vie heureuse, mais aussi pour avoir un esprit capable de procurer le bonheur à tous, à l'instar du Bouddha qui aspirait au bien-être de l'humanité entière, afin de pouvoir soi-même se sentir épanoui. Certains pourraient s'interroger : "Quoi ? Je dois aussi penser aux autres ?" Mais c'est seulement lorsque l'on aura la présence d'esprit de vouloir le bonheur de tous et de partager leur joie que l'on deviendra une personne accomplie.

La raison pour laquelle les gens sont malheureux dans le monde réside dans la perversité de leur cœur et de leurs idées. En effet, de nombreux individus pensent ne pouvoir être heureux qu'en menant la vie qu'ils ont imaginée, ou en étant riches et exempts de tout inconvénient, en vivant dans des lieux luxueux, en conduisant des voitures de prestige et en consommant des mets de luxe. Or, le Bouddha enseigne que c'est précisément là la cause du malheur des êtres.

 

Au contraire, nous devrions d'abord souhaiter le bonheur et la joie de toute notre famille, ainsi que celui de nos amis et de nos proches. Pour ce faire, il convient de croire en l'enseignement authentique de Nichiren Daishōnin, de réciter Nam-Myōhōrengekyō devant le Gohonzon, et de cultiver un cœur pur. Même si l'on éprouve des sentiments désagréables, il faut les supporter avec résolution et prier le Gohonzon pour le bien-être de ceux qui nous entourent, tout en étant capables de diffuser cet enseignement auprès de toutes sortes de personnes.

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