Mai 2015

Traité sur l’édification des quatre bodhisattvas

(shi bosatsu zôryû shô - 四菩薩造立抄)

7ème jour du 5ème mois de la 2ème année de Kôan 58 ans

 

De manière générale, que ceux qui, se prétendant être disciples de Nichiren, souhaitent pratiquer le Sutra du Lotus, doivent pratiquer le Sutra du Lotus comme Nichiren ! S’ils en font ainsi, ils bénéficieront de la protection de Śākya, de Nombreux trésors, du corps fractionné dans les dix directions et même des dix Rāksasas.

Je vous remercie d’être venus nombreux exprimer ensemble notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin, à l’occasion de la cérémonie de Okô du mois de mai.

Ce mois-ci, nous étudions un extrait du Traité sur l’édification des quatre bodhisattvas.

Ce Gosho, écrit au mont Minobu, est une lettre adressé à Toki Jônin, datée du 17ème jour du 5ème mois de la 2ème année de Kôan (1279).

Il commence par :

J'ai bien reçu le vêtement blanc à manches courtes, la robe teintée d’encre diluée, le surplis de la même couleur et une liasse de [pièces de monnaie appelées] yeux de canards.

On comprend ainsi que Toki Jônin avait envoyé des offrandes à Nichiren Daishônin.

En même temps, il avait joint une lettre dans laquelle il lui posait des questions. Ce Gosho est une réponse à ces questions.

Je vais à présent commenter le Gosho dans son ensemble. Toutefois, dans la mesure où il contient d’importants enseignements je voudrais parler en faisant des intrusions dans ces enseignements.

Comme je vous l’ai dit, Nichiren Daishônin cite les divers articles qu’il a reçus en offrande et exprime son sentiment de gratitude envers la motivation de Toki Jônin.

Je vais à présent évoquer les questions de Toki Jônin.

La première question était en substance : "j’ai entendu dire qu’il fallait faire sculpter une statue du vénéré Śākya à l’éveil véritable dans le passé lointain dévoilé dans la doctrine originelle et placer à ses côtés les quatre bodhisattvas comme assistants. Quand conviendrait-il de faire ces sculptures" ?

Il existe plusieurs Gosho enseignant ce que doit-être le Honzon dans la Fin du Dharma. Je vais citer deux d’entre eux : le Traité sur le Honzon de la contemplation du cœur (Kanjin no Honzon shô) et le Traité sur la rétribution de la bienfaisance (Hô-on shô).

D’abord, dans le Traité sur le Honzon de la contemplation du cœur il est écrit :

L’aspect de ce Honzon est le maître originel, présent dans la tour aux trésors située dans les airs au-dessus du monde de l’endurance. A gauche et à droite de Myôhôrengekyô placé au centre du stupa, il y a le Bouddha Śākyamuni, le Bouddha Nombreux trésors et, comme assistants du vénéré Śākya, les quatre bodhisattvas conduits par Pratique supérieure. (…) C’est dans la Fin du Dharma que pour la première fois, cette représentation du Bouddha doit apparaître.

Comme on peut le comprendre en regardant l’aspect du Gohonzon, la première partie de cet extrait ne désigne pas la cérémonie du chapitre Durée de la vie prêché par le Bouddha Śākyamuni de son vivant. Elle emprunte cet aspect éphémère pour dévoiler l’aspect du corps du Bouddha de l’origine du passé hors le temps, c’est-à-dire le Honzon en tant que Dharma identique à la Personne.

Ensuite, à partir de C’est dans la Fin du Dharma, il est question de la représentation du Buddha. Il ne s’agit toutefois pas de celle de « la statue du Bouddha Śākyamuni ». On le comprend par le biais de l’expression « doit apparaître ». En fait, il ne s’agit pas du vénéré Śākya du bienfait de la récolte de la doctrine originelle du Sutra du Lotus, mais de l’apparition du Bouddha originel de l’ensemencement dans la Fin du Dharma, le Honzon en tant que Personne identique au Dharma.

Autrement dit, ce passage désigne le Mandala Honzon de l’unicité de la Personne et du Dharma, dans lequel le Dharma et identique à la Personne et la Personne est identique au Dharma.

Pour cette raison, dans le même Gosho, Nichiren Daishônin écrit :

A ce moment, le jaillis des terres de mille mondes apparaîtra et, prenant le vénéré Śākya de la doctrine originelle comme assistant, il édifiera dans ce pays le meilleur Honzon de tout le Janbudvipa.

Nichiren Daishônin lui-même, en tant que jaillis des terres de mille mondes doit établir le meilleur Honzon de tout le Janbudvipa.

Ensuite, dans le Traité sur la rétribution de la bienfaisance nous lisons :

Le Japon et tout le Janbudvipa doivent prendre pour Honzon le vénéré Śākya, souverain de l’enseignement de la doctrine originelle. Ainsi, le vénéré Śākya et nombreux trésors assis dans le stupa précieux ainsi que les multiples Bouddhas et les quatre bodhisattvas dont Pratique supérieure seront ses assistants.

Selon Les doctrines de la Nichiren Shôshû, voilà ce qui en est dit :

Le Traité sur la rétribution de la bienfaisance peut être clairement réparti en phrases de démonstration et phrases d’explications. Ces dernières désignent le grand Mandala, Honzon en tant que Dharma. Les phrases de démonstration, elles, expliquent le Honzon en tant que Personne. En outre, elles exposent la doctrine de l’unicité de la Personne et du Dharma. Ainsi, Bouddha présentant un aspect extérieur étant la Personne inférieure au Dharma, le vénéré Śākya exposé dans les phrases de démonstration ne désigne pas une statue de Bouddha commune présentant un aspect physique, mais le vénéré Śākya souverain de l’enseignement de la merveille de la cause originelle, Personne unie en un seul corps au Dharma, autrement dit, Nichiren Daishônin lui-même.

Ici, les « phrases de démonstration » désignent la partie allant de « Le Japon et tout le Janbudvipa doivent prendre pour Honzon le vénéré Śākya, souverain de l’enseignement de la doctrine originelle ». Elles désignent le Honzon en tant que Personne.

Les « Phrases d’explications » désignent le passage « Ainsi, le vénéré Śākya et nombreux trésors assis dans le stupa précieux ainsi que les multiples Bouddhas et les quatre bodhisattvas dont Pratique supérieure seront ses assistants ».

C’est pourquoi ces phrases sont dites « exposer la doctrine de l’unicité de la Personne et du Dharma ».

Nous lisons également : « le Bouddha présentant un aspect extérieur est la Personne inférieure au Dharma ».

A ce sujet, le Grand Patriarche Nichinyo Shônin donne le commentaire suivant.

Dans le Sutra du Nirvana, il est dit : "Le Dharma est le maître de tous les Bouddhas". Aussi, le Bouddha prêchant le Dharma étant un Bouddha à l’aspect éphémère ou un Bouddha à l’aspect glorifié, il est inférieur au Dharma. Dans ce cas, le Dharma est supérieur et la Personne est inférieure.

Le souverain des enseignements de la maturation et de la récolte est un Bouddha éphémère à l’aspect embelli d’ornements sublimes. C’est pourquoi, le Dharma est supérieur et la Personne est inférieure. Aussi, l’expression des « phrases de démonstration » "le vénéré Śākya, souverain de l’enseignement de la doctrine originelle" ne désigne pas le vénéré Śākya souverain des enseignements de la maturation et de la récolte, mais le vénéré Śākya souverain de l’enseignement de l’ensemencement dans le passé lointain, autrement dit Nichiren Daishônin lui-même.

Dans toutes les phrases, il apparait clairement qu’elles n’indiquent pas qu’il faille ériger une statue de Bouddha. On peut également le savoir à partir du fait que tout au long de sa vie, Nichiren Daishônin lui-même n’a jamais érigé de statues du Bouddha.

Le Traité sur le Honzon de la contemplation du cœur fut adressé à Toki Jônin. Il faut toutefois le considérer comme un enseignement donné à tous les disciples. En fait, dans la lettre d’accompagnement de ce traité, les noms d’Ota Jômyô, de Soya Kyôshin et d’autres sont cités.

Par le biais de sa question, on comprend que tout en lisant le Traité sur le Honzon de la contemplation du cœur, Toki Jônin ne put comprendre l’orientation donnée par Nichiren Daishônin.

Vient ensuite la réponse à cette question.

D’abord, Nichiren Daishônin indique qu’il n’y eut pas de temples ni d’hommes érigeant des statues du vénéré Śākya souverain de l’enseignement de la doctrine originelle, ou des bodhisattvas de l’enseignement originel au cours des deux millénaires des périodes de la Rectitude et de la Semblance, parce qu’il ne le fallait pas, tant que la Fin du Dharma n’était pas encore arrivée. C’est pourquoi, les maîtres des traités et les maîtres hommes des périodes de la Rectitude et de la Semblance respectant les interdits du Bouddha n’en parlèrent même pas.

Nichiren Daishônin dit ensuite qu’à présent que nous sommes entrés dans la période de la Fin du Dharma, conformément aux paroles d’or du Bouddha, c’est le moment d’ériger le Bouddha originel et ses assistants originels. Il en donne par ailleurs l’attestation scripturaire à l’aide du Sutra du Lotus.

Si on lit avec attention les paroles de Nichiren Daishônin, on voit qu’il ne demande pas d’ériger des statues. Il faut prêter attention au fait qu’il indique « le temps ». En fait, il sous-entend que c’est lui, Nichiren Daishônin, qui doit établir le Honzon de la Fin du Dharma.

Vient ensuite la seconde question de Toki Jônin et la réponse de Nichiren Daishônin.

La question est en substance : « j’ai entendu de la part d’Ôta Jômyô et d’autres que la doctrine éphémère ne contient pas d’enseignement permettant d’obtenir la voie ».

Nichiren Daishônin répond :

« C’est une erreur honteuse » !

Il indiquait ici que cette conception constituait une grave erreur.

Nichiren Daishônin précise en substance « en ce qui concerne la profondeur ou la superficialité, la supériorité ou l’infériorité entre les deux doctrines originelle et éphémère, il faut prendre en considération le temps et la prédisposition ».

Il blâme ensuite sévèrement cette manière de penser en disant : « la fin du Dharma est le moment où seul l’enseignement de la doctrine originelle permet d’être sauvés. Toutefois, ce n’est pas pour autant qu’il faille rejeter la doctrine éphémère. Rien n’est indiqué de la sorte dans le Sutra du Lotus. A présent, la doctrine originelle est le principal et la doctrine éphémère est subsidiaire. Sous prétexte que la doctrine éphémère ne permet pas d’obtenir la voie (devenir Bouddha), ceux qui la rejettent et n’ont foi uniquement qu’en la doctrine originelle n’ont pas encore compris la signification véritable de la doctrine de Nichiren et font preuve d’une pensée tendancieuse (erronée) ».

Nichiren Daishônin met ensuite en garde : « ceux qui déforment et interprètent la doctrine à leur manière chuteront eux et les autres dans l’enfer aux souffrances sans intermittence ».

Il poursuit ensuite en disant : « comme je vous (Toki Jônin) ai déjà parlé de cette doctrine auparavant, je souhaite que vous la fassiez entendre aux autres pratiquants ». Le texte se poursuit alors par l’extrait de ce mois.

Enfin, Nichiren Daishônin termine en disant que dans sa lettre, Toki Jônin lui ayant annoncé le décès de Sanmibô Nichigyô, il a pratiqué l’offrande du bien pour lui.

Il n’existe pas beaucoup de détails sur Sanmibô Nichigyô. On sait toutefois qu’il était natif de Shimôsa dans le district de Bô et qu’il était devenu très tôt disciple de Nichiren Daishônin. Issu du même village que Toki Jônin, on suppose qu’il existait un lien entre eux.

Dans le Gosho sur Les difficultés rencontrées par le sage, Nichiren Daishônin écrit qu’il avait demandé à Sanmibô de faire un voyage d’étude au mont Hiei. Il excellait en effet dans l’étude académique mais, du point de vue caractériel, il avait une forte tendance à la vanité et avait aussi des côtés frivoles. Il fit également preuve de grands mérites, tel ce débat qui eut lieu à Kuwagayatsu, un quartier de Kamakura, au cours duquel il réfuta de manière remarquable Ryôzôbô, un moine du Tendai. Toutefois, à la fin, il s’opposa au maître Nichiren Daishônin et mourut dans des circonstances inexplicables.

Je vais à présent commenter l’extrait de ce mois.

De manière générale, que ceux qui, se prétendant être disciples de Nichiren, souhaitent pratiquer le Sutra du Lotus, doivent pratiquer le Sutra du Lotus comme Nichiren !

J’ai évoqué aujourd’hui ce Gosho dans son ensemble. Or, la doctrine de Nichiren Daishônin étant très profonde, elle ne peut être appréhendée qu’avec la foi dans la relation de maître à disciple.

On comprend ce principe aussi quand on voit ce qui se passa avec Nikkô Shônin et les autres cinq moines aînés.

Comme l’indique Nichiren Daishônin, ceux qui interprètent la doctrine à leur manière, en conçoivent de la fierté et font entendre aux autres cette manière de penser, chutent en enfer. Il est dès lors important de toujours se mettre en garde soi-même et de progresser avec zèle en reconsidérant sa propre manière de concevoir la foi et la pratique.

Aussi, que faut-il faire pour pratiquer correctement ? La réponse est donnée ici : « faites comme Nichiren ».

L’essentiel est d’abord de recevoir la bonne influence de Nichiren Daishônin, puis de s’y conformer.

Il écrivait lui-même :

« Depuis mon plus jeune âge, je n’ai jamais prié pour cette vie. Je n’ai pensé qu’à devenir Bouddha ».

A travers ce passage, on peut sentir la grande rigueur et compassion du Bouddha originel désirant « sauver tous les êtres ». On peut dire que faire siennes ne serait-ce qu’une infime partie de cette rigueur et compassion et progresser avec zèle dans shakubuku par la réfutation des hérésies et la révélation de la rectitude, montrées dans le Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la Rectitude, c’est se conformer à l’influence bénéfique de Nichiren Daishônin.

En fait, pour nous aussi, agir en prenant à son compte l’attitude de rigueur et compassion de Nichiren Daishônin (shakubuku) désirant sauver tous les êtres, c’est l’attitude des véritables disciples et bienfaiteurs de Nichiren Daishônin. 

Et si l’on pratique correctement de la sorte, alors :

S’ils en font ainsi, ils bénéficieront de la protection de Śākya, de Nombreux trésors, du corps fractionné dans les dix directions et même des dix Rāksasas.

Nous bénéficierons de la protection du Gohonzon et réaliserons infailliblement de devenir Bouddha dès ce corps.

Or, nous ne pouvons pas recevoir directement les directives de Nichiren Daishônin. Il ne faut cependant concevoir aucune inquiétude. Nous pouvons en effet bénéficier des orientations du Grand Patriarche Souverain du Dharma.

Progressons donc avec courage vers l’année 2021 sur la base de la récitation du Daimoku dans l’unité du moine et des pratiquants, tel que nous l’a demandé l’actuel Grand Patriarche Nichinyo Shônin.

C’est par ces mots que je termine mon sermon de gratitude pour la cérémonie de Okô de ce mois. Merci de votre visite au temple.

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