Mai 2014

La manifestation des offenses au Dharma

『Ken hôbô shô - 顕謗法抄』

Un homme doté de sagesse mais dénué de foi aura tendance à développer des vues erronées.

Je suis très heureux de votre nombreuses participation et d’avoir pu, ensemble exprimer notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin par le biais de la cérémonie de Okô de ce mois.

 

La phrase de ce mois est extraite de La manifestation des offenses au Dharma.

L’original de ce traité était jadis conservé au mont Minobu. Malheureusement, il a brûlé lors du grand incendie de la 8ème année de Meiji (1875).

Par ailleurs, on dit que ce Gosho a été écrit en la 2ème année de Kôchô (1262). Or, primitivement, il n’y avait pas de date d’inscrite.

Pendant un an et neuf mois, du 12ème jour du 5ème mois de la 2ème année de Kôchô (1261) au 1er jour du 2ème mois de la 3ème année de Kôchô (1263), Nichiren Daishônin a été exilé à Izu.

Au cours de cette période, il écrivit plusieurs Gosho dont, au cours de la même année, 2ème de Kôchô (1262), le Traité sur l’Enseignement, les prédispositions, le temps et le pays. Dans ce Gosho, Nichiren Daishônin développe les cinq éléments essentiels de la religion que sont l’enseignement, la prédisposition, le temps, le pays et l’antériorité de l’enseignement propagé.

De plus, dans le Gosho étudié aujourd’hui, La manifestation des offenses au Dharma, également, il donne un élément similaire écrivant :

« Celui qui souhaite propager le Dharma du Bouddha doit immanquablement propager le bon Dharma en connaissant cinq concepts. Ces cinq concepts sont : premièrement l’enseignement, deuxièmement la prédisposition, troisièmement le temps, quatrièmement le pays et cinquièmement l’antériorité à la propagation du Dharma du Bouddha ».

Du point de vue de la similarité du contenu, on considère que ce Gosho a été écrit à la même période que le Traité sur l’Enseignement, les prédispositions, le temps et le pays.

Le destinataire est également inconnu, mais on considère qu’il a été adressé à tous les disciples et adeptes.

Comme d’habitude, je vais commenter brièvement l’ensemble du Gosho.

Comme l’indique son titre il traite des « offenses au Dharma ».

Tout au début, Nichiren Daishônin l’écrit lui-même, il va diviser son traité en quatre partie. Pour commencer, il révèle la causalité des huit grands enfers.

Ensuite, il éclaircit la légèreté et la lourdeur de la causalité de l’enfer aux souffrances sans intermittence. Ce dernier est également appelé l’enfer Avici, le plus profond enfer dans lequel on tombe en raison des crimes les plus graves, qui sont les cinq fautes de rébellion (tuer son père, tuer sa mère, tuer un arhat, faire couler le sang du corps d’un Bouddha et détruire l’harmonie de la congrégation), ainsi que les offenses au Dharma.

Dans sa démonstration, comparant la légèreté et la lourdeur des cinq fautes de rébellion et des offenses au Dharma, Nichiren Daishônin, citant la preuve par les sutras, révèle que le crime d’offenses au Dharma est plus grave que les cinq fautes de rébellion.

Ensuite, il introduit la troisième partie dans laquelle il « éclaircit sous forme de questions et de réponses, les points sujets à débat », débat au cours duquel il dfinit ce qu’est l’offense au Dharma.

Enfin, dans la quatrième et dernière partie, il « éclaircit l’attitude spirituelle du pratiquant diffusant le Sutra [du Lotus]. Cette attitude spirituelle que le pratiquant doit avoir lorsqu’il propage le bon Dharma est illustrée par ce que j’ai dit plus haut, à savoir « les cinq éléments essentiels de la religion ».

Nichiren Daishônin donne ses instructions sur ces cinq éléments essentiels en mettant plus particulièrement en avant la notion « d’enseignement ». Il nous enseigne en effet quel genre d’enseignement doit être propagé.

Le Bouddha Śākyamuni a développé de nombreux enseignements. Parmi ceux-ci, il y en a de profonds, mais il y en a aussi de superficiels. Il y en a également des supérieurs et des inférieurs. Ca aussi, il faut le savoir.

Autrement dit, au sein de tous les sutras prêchés par le Bouddha Śākyamuni, le Sutra du Lotus est le roi des sutras. Dans la période de la Fin du Dharma, l’intégralité des êtres peut devenir Bouddha grâce au Dai Gohonzon des trois grands Dharmas ésotériques de la doctrine originelle, le Myôhôrengekyô du profond des phrases. Le concept de « connaître l’enseignement » permet de le savoir.

La phrase de ce mois est contenue dans cette partie.

Je vais donc commenter cette phrase, tout en utilisant un cours donné par le Grand Patriarche Nichinyo Shônin à son sujet.

Un homme doté de sagesse mais dénué de foi aura tendance à développer des vues erronées.

Il s’agit là d’une phrase extraite du Sutra du Nirvana. Avant cette phrase, Nichiren Daishônin cite un principe enseigné dans le même Sutra du Nirvana, « la distinction de la foi et de la compréhension en quatre stances » (jp. shinge shiku funbetsu - 信解四句分別). Je voudrais d’abord parler de ce principe.
Les quatre stances sont :

1.    Croire sans comprendre (shin ni fuge - 信而不解)

2.    Comprendre sans croire (ge ni fushin - 解而不信)

3.    Croire et comprendre (yakushin yakuge - 亦信亦解)

4.    Ni croire, ni comprendre (hishin hige - 非信非解)

Le Grand Patriarche Nichinyo Shônin donne les explications suivantes dans son cours :

« La signification du premier élément, croire sans comprendre est indiquée dans sa dénomination. On entend le Dharma, on y croit, mais on ne comprend pas bien ce qu’on nous dit, on a du mal à agréer.

Le deuxième élément, comprendre sans croire est l’inverse du précédent, croire sans comprendre. On peut comprendre, mais on n’y croit pas. Ca revient, comme on dit, à avoir une grosse tête, à être spécialisé dans l’étude de la doctrine, mais on ne fait pas Gongyô. En ce qui concerne shakubuku, on en parle mais on ne l’a jamais fait.

Le troisième élément, croire et comprendre, signifie qu’on à foi dans le Dharma et qu’on le comprend bien. Il s’agit là de ce qui est idéal.

Le quatrième élément, ni croire, ni comprendre, dénote à la fois l’absence de foi et de compréhension. On ne pratique pas, on ne cherche pas à comprendre. C’est la situation la pire ».

A la question concernant le premier principe (croire sans comprendre), à savoir est-ce qu’avoir la foi sans comprendre constitue une offense au Dharma, Nichiren Daishônin, citant le chapitre Parabole du Sutra du Lotus « c’est par la foi que tu as pu y pénétrer », et une phrase du Sutra du Nirvana, répond « on ne peut pas dire qu’il y a là offense au Dharma ».

Alors, l’interrogateur, citant une phrase du Sutra du Nirvana, pointe un défaut dans cette réponse. La phrase de ce mois fait partie de cette citation.

Il y a en effet une phrase disant l’opposé de celle de ce mois.

« Si un homme possède la foi mais est dénué de sagesse, il accroitra alors l’obscurité ».

Suit la phrase de ce mois : « un homme doté de sagesse mais dénué de foi aura tendance à développer des vues erronées ».

La question de l’interrogateur est fondée sur le passage suivant du Sutra du Nirvana : « il a la foi, mais en raison de son manque de sagesse, il comprend la doctrine de manière pervertie. Il est dit qu’un tel homme offense les trois trésors. N’est-il pas là expliqué qu’un homme ayant la foi mais ne parvenant pas à comprendre, commet lui aussi l’offense au Dharma » ? Cette assertion vient en contradiction avec la réponse précédente.

La réponse de Nichiren Daishônin à cette controverse est : « on parle ici de quelqu’un ayant entendu l’enseignement du Sutra du Nirvana selon lequel tout le monde possède la nature du Bouddha et y croit. Toutefois, son cœur se rapprochant des enseignements circonstanciels et antérieurs, on peut alors dire qu’il n’a pas la foi ».

Le Grand Patriarche Nichinyo Shônin commente ce passage, je le cite :

« Le plus important dans notre foi est sur quoi nous posons notre croyance (…). Par exemple, dans le Sutra du Nirvana, il est enseigné « tous les êtres possèdent la nature du Bouddha ». Cela signifie que tous les hommes possédant la nature du Bouddha, tous peuvent être sauvés. Toutefois, certains, entendant ce principe y croient en un sens. Or, dans les enseignements circonstanciels, antérieurs au Sutra du Lotus, les deux véhicules ne devenaient pas Bouddha. C’est pourquoi, leur esprit est attaché au fait que les deux véhicules ne peuvent pas devenir Bouddha. Tout le monde possède la nature du Bouddha. C’est pourquoi, on peut immanquablement obtenir l’éveil du Bouddha. Ils ont beau y croire intellectuellement, mentalement ils pensent que les deux véhicules, autrement dit les auditeurs et les éveillés par eux-mêmes, ne peuvent pas devenir Bouddha. Ainsi, ils y croient, mais dans leur attitude, ils n’y croient pas. Dès lors, ils ne peuvent pas pénétrer dans le domaine de la foi ».

En outre, dans la question précédente, nous lisons : « il comprend la doctrine de manière pervertie ». Là encore, Nichinyo Shônin donne l’explication suivante :

« Il y a encore un autre point. C’est : « il comprend la doctrine de manière pervertie ». Même en lisant les phrases du véritable enseignement du Bouddha qu’est le Sutra du Lotus, il les interprète avec l’esprit des enseignements circonstanciels et antérieurs.

« De manière pervertie » désigne une manière de penser erronée. Tout en lisant les phrases importantes du Sutra du Lotus, il les interprète à sa guise sur la base de son propre mauvais esprit. Cette attitude correspond à celle que certains adoptent lorsque, tout en lisant les textes de Nichiren Daishônin, ils se demandent intérieurement « est-ce bien vrai », ou encore, « du point de vue de mon expérience, je ne dirais pas ça ».

Je pense que ce n’est absolument pas votre cas. Cependant, lorsqu’on est longtemps immergé dans des enseignements erronés, ça le devient.

Il existe de nombreux exemples de ce phénomène. La Sôka Gakkai en est un. Alors qu’ils lisent le même Sutra du Lotus, le même Gosho, ils les interprètent comme ça les arrange. C’est la même chose pour les gens du Mont Minobu et autres Nichiren Shû. Touscomprennent la doctrine de manière pervertie. Tout en lisant le Gosho, ils n’en comprennent pas la véritable signification. Et même, plus que de ne pas la comprendre, ils l’interprètent à leur guise sut la base des enseignements circonstanciels et antérieurs. Dans ces circonstances, la foi s’en est allée ailleurs ».

Alors, effectivement, ces attitudes constituent des offenses au Dharma. Ils ont l’air d’y croire sans y croire. Ou encore, ils interprètent de manière pervertie. Même en lisant l’enseignement véritable qu’est le Sutra du Lotus, ils l’interprètent de manière arbitraire, à leur propre convenance. C’est malheureux, et effectivement, c’est nul ».

Autrement dit, il est important d’avoir foi corps et âme dans le Gohonzon et de progresser quotidiennement avec énergie. Ainsi, « un homme doté de sagesse mais dénué de foi aura tendance à développer des vues erronées », signifie que même s’il possède une riche connaissance de l’enseignement du Bouddha, même s’il excelle dans l’étude de la doctrine, il n’a pas du tout la foi, et ne peut donc pas devenir Bouddha.

Le Grand Patriarche Nichinyo Shônin donne la directive suivante :

« Même s’ils possèdent une remarquable connaissance intellectuelle et qu’ils semblent comprendre l’enseignement du Bouddha, ceux qui n’ont pas la foi, immanquablement développent à foison des vues erronées et tombent dans l’offense au Dharma ».

Nous devons bien graver dans notre cœur cette directive du Grand Patriarche et approfondir notre foi envers le Dai Gohonzon et nous efforcer dans la pratique et l’étude, la pratique personnelle et la conversion d’autrui.

C’est par ces mots que je termine ce sermon d’expression de notre gratitude à l’occasion de la cérémonie de Okô de ce mois. Merci de votre visite au temple.

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