Mai 2013

Débat sur le fait de garder la Fleur du Dharma merveilleux

『Jimyô hokke mondô shô - 持妙法華問答抄』

Si vous souhaitez devenir Bouddha, vous devez alors abaisser l’étendard de votre orgueil, jeter le bâton de votre colère et vous dévouer exclusivement au véhicule unique. Renommée et profit sont les ornements de cette vie. L’arrogance et les attachements tendancieux sont les liens [qui vous entraveront] dans la vie future. Ah, vous devriez en avoir honte et vous devriez aussi les craindre !

Je suis heureux d’avoir exprimé notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin avec vous, venus nombreux, à l’occasion de la cérémonie d’Okô de ce mois.

Ce mois-ci, nous étudions un extrait du Débat sur le fait de garder la Fleur du Dharma merveilleux.

L’original de ce Gosho n’existant plus, son destinataire et les autres renseignements ne sont pas certains. On admet toutefois qu’il aurait été écrit par Nichiren Daishônin depuis Kamakura au 3ème mois de la 3ème année de Kôchô (1263), juste après la rémission de son exil à Izu.

Quant au sujet de cet écrit, j’en ai déjà parlé lors de la cérémonie de Okô du mois de juin de l’année dernière, aussi vais-je m’abstenir cette fois-ci.

Nous rentrons donc directement dans l’extrait de ce mois.

Si vous souhaitez devenir Bouddha, vous devez alors abaisser l’étendard de votre orgueil, jeter le bâton de votre colère et vous dévouer exclusivement au véhicule unique.

Cette phrase enseigne que « si vous désirez devenir Bouddha, il faut alors n’être ni arrogant, ni se mettre en colère et avoir foi et pratiquer avec pureté Nam Myôhôrengekyô, enseignement du véhicule unique du Bouddha.

Parmi les causes principales venant entraver notre ascèse de la voie du Bouddha, il y a les mauvaises passions. La simple expression « mauvaises passions » renferme en fait de très nombreuses mauvaises passions. Le grand maître du Tendai a classifié l’intégralité des égarements en trois catégories.

Dans le Gosho intitulé Ecouter pour la première fois la doctrine du véhicule unique du Bouddha, Nichiren Daishônin écrit :

« Ce qu’on appelle les mauvaises passions sont les trois égarements des vues et des pensées, des poussières et de l’obscurité ».

Ainsi, il définit les mauvaises passions comme étant les trois égarements.

En raison de l’heure, je ne peux pas parler de chacun des trois égarements. Je vais simplement effleurer les premiers, les égarements des vues et des pensées.

Les égarements des vues et des pensées sont les éléments provoquant la souffrance dans les trois mondes et les six voies. Ils se subdivisent en « égarements des vues » et « égarements des pensées ».

Les « égarements des vues » sont les illusions intellectuelles telles les vues extrêmes, vis-à-vis de la logique des choses.

Au sein de ces égarements des vues, il existe dix mauvaises passions (dix sbires) : les cinq sbires aigus et les cinq sbires obtus.

Les cinq sbires aigus sont :

1.  Vue du moi permanent : attachement au moi.

2.  Vues extrêmes : idées partiales unilatérale

3.  Vues hérétiques : pensée ignorant le principe de la causalité

4.  Attachement aux vues erronées : attachement aux trois vues précédentes et interprétation de l’inférieur comme étant supérieur.

5.  Attachement aux préceptes et interdits : attachement aux actes hérétiques faisant l’objet de préceptes ou interdits dans le bouddhisme

Les cinq sbires obtus sont :

1.  La cupidité : c’est l’attachement aux choses

2.  La colère : c’est se mettre en rage

3.  La stupidité : c’est la stupidité de l’ignorance de la logique

4.  L’orgueil : c’est ressentir un sentiment de supériorité

5.  Le doute : c’est hésiter sans avoir foi dans le Dharma

Les égarements des pensées sont les illusions innées fondamentales que sont la colère, la stupidité et l’orgueil. Elles provoquent les illusions émotionnelles à la vue des choses.

A partir de ces éléments, on peut comprendre que « l’orgueil » et « la colère » dont il est question dans la phrase du Gosho, signifient donc qu’il est demandé d’abandonner les cinq sbires obtus et prendre refuge dans le Dharma correct.

Ceux qui pensent d’eux-mêmes « qu’ils savent tout », « que c’est eux qui ont raison », sont incapable d’écouter les paroles ou les pensées des autres.

Et puis il y a ceux qui se disent « il est préférable de prêter une oreille à ce que les autres disent » et si on leur fait une remarque, se mettent immédiatement en colère et ne veulent plus en entendre davantage.

Dans ces conditions, même si on leur parle du Dharma, ils seront incapables de l’entendre. Si l’on écoute docilement ce que disent les autres, on peut alors se rendre compte de ce qui est juste et de ce qui est erroné.

Par ailleurs, on peut en dire autant à notre sujet, nous qui pratiquons déjà. « Je pratique depuis des dizaines d’années, je sais déjà tout ça, il est inutile de me le redire ». Avec un tel sentiment, une telle manière de penser, il ne peut plus y avoir de développement personnel et l’on obstrue de soi-même la voie vers l’obtention de la boddhéité. Nous devons être sans cesse vigilants.

Voyons à présent la suite de l’extrait.

Renommée et profit sont les ornements de cette vie. L’arrogance et les attachements tendancieux sont les liens [qui vous entraveront] dans la vie future.

La position sociale et les honneurs ne sont que les décorations de la vie présente. On ne peut pas les emporter dans la vie future.

Par contre, l’orgueil et les attachements nous suivent jusque dans les vies suivantes. Ils constituent notre « karma » et exercent une grande influence sur nos vies futures.

C’est la raison pour laquelle, Nichiren Daishônin nous met en garde, écrivant :

Ah, vous devriez en avoir honte et vous devriez aussi les craindre !

Dans le Traité sur la sélection du temps, Nichiren Daishônin s’exprime de la façon suivante au sujet de l’orgueil :

« La mauvaise passion de l’orgueil comprend sept orgueils, neuf orgueils, huit orgueils ».

Il existe donc sept sortes « d’orgueil ». Je vais évoquer succinctement ces sept catégories d’orgueil précisées, entre autres, dans le Traité sur le réceptacle des discussions sur l’Abidharma (sk. kośa Abidaruma bhāsya, jp. Abidatsuma kusha ron).

Ces « sept orgueils » sont man, kaman, man kaman, gaman, zôjôman, himan et jaman.

Le premier orgueil , « man », consiste à se vanter d’être « supérieur aux autres » face à ceux qui nous sont inférieurs et se flatter d’être « égaux » vis-à-vis de ceux qui nous sont égaux.

Le deuxième orgueil, « kaman », consiste à se flatter d’être supérieur à ceux qui nous sont égaux et d’être égaux à ceux qui nous sont supérieurs.

Le troisième orgueil, « man kaman », consiste à prétendre être supérieur à ceux qui nous sont supérieurs et les dédaigner.

Le quatrième orgueil, « gaman », signifie de nos jours, dans le langage courant, « se dominer » Toutefois, sa signification originelle qui vient du bouddhisme, consiste à s’attacher à son moi, s’infatuer de soi-même et en dépendre.

Le cinquièmeorgueil, « zôjôman » consiste à croire qu’on a « obtenu l’éveil » alors qu’on ne l’a pas encore obtenu.

Le sixième orgueil, « himan » consiste à croire que l’on n’est « qu’un peu inférieur » vis-à-vis de ceux qui nous sont largement supérieurs.

Le septième orgueil, « jaman », consiste à croire que l’on est doté de vertus alors qu’on en est dénué et se glorifier d’être remarquable.

Dans la Lettre à Niike, Nichiren Daishônin écrit :

« Tous ceux qui commencent à croire en ce Sutra semblent, au début, avoir la foi. Pourtant, avec le temps, leur foi s’affaiblit. Ils ne respectent plus les moines, ni ne font l’offrande. Ils deviennent arrogants et conçoivent des idées pernicieuses ; C’est ce qu’il y a de pire. C’est ce dont il faut se méfier. Du début jusqu’à la fin, affermissez votre foi ».

Comme on le comprend ici, l’orgueil est le plus grand obstacle se présentant à nous dans la perspective de réaliser correctement l’ascèse de la foi.

En effet, lorsqu’on éveille l’un des « sept orgueils », on devient alors incapable de juger correctement, quel que soit le domaine, notre propre attitude dans la foi, ni les problèmes avec les autres personnes et événements.

Au sein des quatorze offenses, l’orgueil, appelé arrogance, est une offense au Dharma provoquant la destruction de la foi et qu’il faut craindre au plus haut point et interdire fermement.

Afin de ne pas éveiller l’orgueil, nous devons sans cesse nous introspecter avec humilité, tout en récitant Daimoku.

Je termine ce sermon donné à titre de reconnaissance, en priant pour l’énergie de tous les participants.

Merci de votre visite au temple.

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