Juillet 2013

Lettre à Niike

『Niike gosho - 新池御書』

Quelle joie d’être nés au moment de la propagation dans la Fin du Dharma ! Quelle tristesse pour les hommes n’ayant pas la foi en ce Sutra ! Celui qui reçoit la vie dans le monde des hommes ne peut échapper à l’impermanence.

Je suis très heureux d’avoir exprimé avec vous, venus nombreux, notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin par le biais de la cérémonie de Okô de ce mois.

Ce mois-ci, nous étudions un extrait de la Lettre à Niike.

Ce Gosho, écrit par Nichiren Daishônin au cours du 2ème mois de la 3ème année de Kôan (1280) alors qu’il était âgé de 59 ans et vivait désormais à Minobu, était adressé à Messire Niike saemon no jô, qui habitait à Niike, situé dans le district de Iwata du pays de Tōtômi (qui est aujourd’hui la ville de Fukuroi dans la préfecture de Shizuoka.

Messire Niike était un samurai proche du Shogun de Kamakura qu’on suppose avoir pris la foi dans l’enseignement de Nichiren Daishônin peu de temps après que celui-ci se soit retiré au mont Minobu.

Il existe deux hypothèses quant aux raisons ayant poussé Messire Niike à commencer la pratique de l’enseignement de Nichiren Daishônin.

1.    Lorsque Nichiren Daishônin se retira au mont Minobu, Nikkô Shônin entreprit de faire shakubuku dans les lieux avec lesquels il avait un lien, allant de Fuji Shimokata à Okitsu et même du côté de Tōtômi, où il aurait converti Messire Niike à l’enseignement de Nichiren Daishônin.

2.    Alors qu’il vivait à Kamakura et qu’il avait un fils de constitution fragile, il aurait été converti par un bienfaiteur du nom de Kinbara Hokkyô.

Toutefois, dans la mesure où dans la dernière partie de cette lettre, Nichiren Daishônin écrit :

« Faites lire [ma lettre] à ce moine [qui vous l’a apportée] et écoutez-le. Considérez le comme le moine doté de la sagesse de l’éveil et questionnez-le sur la doctrine. Si vous ne l’écoutez pas, comment les sombres nuages de l’illusion pourraient-ils se dissiper » ?

Nichikô Shônin, 59ème Grand Patriarche du temple principal, écrivait dans sa Tradition détaillée de Fuji Nikkô au sujet de l’expression « ce moine » :

« Il n’est pas nécessaire de réfléchir pour comprendre qu’il s’agit là de Nikkô Shônin ».

Je vais à présent expliquer le Gosho dans son ensemble.

Pour commencer, Nichiren Daishônin exprime sa joie d’être né dans la Fin du Dharma, période de diffusion du Dharma merveilleux et sa tristesse vis-à-vis de ceux qui sont incapable de croire dans ce Dharma merveilleux. L’extrait de ce mois est contenu dans cette partie, qui est le tout début de la lettre.

Nichiren Daishônin poursuit en expliquant que même en ayant foi et en pratiquant le Sutra du Lotus, même en en faisant l’éloge, si l’on s’oppose au cœur de ce sutra, cela revient au crime d’ôter la vie aux Bouddhas dans les dix directions. S’opposer à la loi du Sutra du Lotus est une offense au Dharma entrainant inéluctablement la chute dans les mauvaises voies.

Nichiren Daishônin explique ensuite le caractère véritablement immense de faire l’offrande au moine connaissant le Sutra du Lotus, c’est-à-dire au pratiquant du Sutra du Lotus dans la Fin du Dharma. Il exhorte à poursuivre le chemin de la foi en ayant une foi et une pratique pures du début à la fin et en étudiant les principes du Dharma auprès du moine connaissant le cœur du Sutra du Lotus.

Nichiren Daishônin expose ensuite l’aspect impermanent du monde par le biais, entre autres, de l’histoire de l’oiseau qui souffrait du froid dans les monts enneigés et réprimande l’esprit de négligence et de recherche de la renommée et du profit. Puis, enseignant que le Japon entier étant devenu un offenseur du Dharma, les divinités bénéfiques des multiples cieux (shoten zenjin) ont abandonné les temples bouddhistes et shintos pour remonter aux cieux, ces temples bouddhistes et shintos étant devenus alors le repère de dieux et démons maléfiques. En même temps, Nichiren Daishônin révèle que les Bouddhas et les Dieux n’acceptent pas l’offrande des offenseurs du Dharma et indique le caractère effrayant de la complicité à fréquenter les offenseurs du Dharma.

Ensuite, Nichiren Daishônin explique les trois vertus du Bouddha et indique que tous les Japonais s’opposant au Bouddha sont devenus ses ennemis et exhorte à ne pas suivre celui qui professe des doctrines erronées, même si c’est un sage de noble extraction. Par contre, il encourage à respecter et à faire l’offrande au moine qui connaît le cœur du Sutra du Lotus, comme s’il s’agissait d’un Bouddha vivant, même s’il est d’humble origine.

Ensuite, il indique que le fait que les divinités célestes aient abandonné le Japon est clairement attesté dans le Sutra du Lotus. Par contre, elles iront immanquablement habiter dans la tête du pratiquant du Sutra du Lotus ne ménageant ni son corps, ni sa vie.

Nichiren Daishônin révèle ensuite qu’au début de la période de la fin du Dharma, le bodhisattva Pratique-Supérieure (Jôgyô) est le premier à diffuser cette importante doctrine et encourage à avoir une foi chaleureuse envers le Dharma merveilleux. Autrement dit, la foi c’est ne pas mêler de vues personnelles, ne pas être troublé par les paroles des autres, ne pas s’opposer au cœur du Sutra du Lotus et réciter uniquement Nam Myôhôrengekyô. Là réside le point important pour devenir Bouddha dès ce corps. Il explique ensuite, à partir des deux doctrines de « posséder la connaissance sans avoir la foi » (uge mushin) et « d’avoir la foi sans avoir de connaissance » (ushin muge), que ceux qui possèdent la compréhension des doctrines mais n’ont pas la foi ne peuvent absolument pas devenir Bouddha. Par contre, même s’il ne comprend pas la doctrine, celui qui croit fortement dans le Dharma merveilleux avec une foi pure deviendra infailliblement Bouddha. Ensuite, reprochant aux êtres de la Fin du Dharma d’éveiller l’orgueil et ainsi de tomber dans les mauvaises voies pour peu qu’ils étudient un peu la doctrine, il exhorte à vénérer correctement les trois trésors du Bouddha, du Dharma et des moines et à leur faire l’offrande. Il argumente ensuite sur le fait que les moines du Zen s’opposant aux cinq pratiques permanentes : bienveillance, équité, courtoisie, sagesse et sincérité et accumulant l’orgueil, leurs agissements sont dès lors ceux du démon céleste.

Il termine par la directive de s’efforcer dans la foi et la pratique avec discernement de ces doctrines. Il invite alors Messire Niike, quand il pense avec affection à Nichiren Daishônin, de vénérer le soleil : « mon image se reflètera une fois par jour dans le soleil ». Pour finir, il l’invite à s’efforcer dans la foi, la pratique et l’étude en suivant le moine qu’il lui a envoyé (Nikkô Shônin) doté de la compréhension et de la sagesse.

Je vais à présent commenter l’extrait du mois.

Quelle joie d’être nés au moment de la propagation dans la Fin du Dharma !

La Fin du Dharma est une des notions de l’écoulement du temps en bouddhisme. Il s’agit de la dernière des trois périodes succédant à l’extinction du Bouddha Śākyamuni. Le premier millénaire après l’extinction du Bouddha est appelé la période de la Rectitude du Dharma. Le millénaire suivant est appelé la période de la Semblance du Dharma. A partir de la fin du deuxième millénaire après l’extinction du Bouddha, commence la période de la Fin du Dharma.

Dans le Sutra du grand rassemblement, il est écrit : « après mon extinction, les cinq cents [premières] années seront la période de la délivrance certaine. Les cinq cents années suivantes seront la période de la méditation certaine. Les cinq cents années suivantes seront la période de la lecture, de la récitation et de l’érudition certaines. Les cinq cents années suivantes seront la période de la construction certaine de nombreux stupas et temples. Les cinq cents années suivantes seront, au sein de m on enseignement, la période des luttes et débats entrainant la disparition du Dharma blanc ».

La période appelée la Fin du Dharma connaît de nombreuses luttes. C’est également le temps où l’enseignement du Bouddha Śākyamuni perd de sa force, décline et disparait.

C’est également la mauvaise période des cinq souillures. Ces cinq souillures sont : la souillure du kalpa (la période elle-même est souillée), la souillure due aux mauvaises passions (souillures du corps et de l’esprit dues aux mauvaises passions), la souillure des êtres (la société dans son ensemble est polluée), la souillure des vues (illusions idéologiques, souillure de la pensée), la souillure de la vie (la vie des êtres elles-mêmes est souillée).

Considérée de la sorte, on ne peut pas dire que la période de la Fin du Dharma soit une bonne époque pour nous.

Dès lors, pourquoi Nichiren Daishônin écrit-il : Quelle joie d’être nés au moment de la propagation dans la Fin du Dharma ?

Nous avons vu que dans la période de la Fin du Dharma, l’enseignement du Bouddha Śākyamuni décline et disparait. Toutefois, c’est également le moment où l’enseignement de l’ensemencement de Nichiren Daishônin devient prospère, la période où Nam Myôhôrengekyô, graine fondamentale de l’éveil pour tous les êtres est plantée par le Bouddha originel Nichiren Daishônin et propagée.

Autrement dit, puisque les trois grands Dharmas ésotériques de Nichiren Daishônin sont propagés, permettant à tous les êtres d’obtenir des bienfaits, on peut dire que la Fin du Dharma est identique au commencement du passé hors du temps. Aussi, les personnes nées dans cette période ont un lien profond avec le Dharma Merveilleux du commencement du passé hors du temps, ce qui procure une immense joie.

Ensuite :

Quelle tristesse pour les hommes n’ayant pas la foi en ce Sutra !

Bien que nés dans la période de la Fin du Dharma dans laquelle le bon Dharma est propagé, ignorer ce Dharma, ne pas y croire est extrêmement triste.

Or, il est vraiment difficile de connaître cet enseignement par soi-même. Cependant, si quelqu’un l’enseigne, c’est alors facile de le connaître. Là réside la raison de l’importance de shakubuku.

Nous devons effectuer la pratique personnelle et la conversion d’autrui chaque jour avec cet état d’esprit : quelle tristesse pour les hommes n’ayant pas la foi en ce Sutra !

Ensuite.

Celui qui reçoit la vie dans le monde des hommes ne peut échapper à l’impermanence.

Celui qui a reçu la vie en ce monde en tant qu’homme se dirige inéluctablement vers la mort. Quelque soit sa position sociale, sa fortune, il ne peut échapper à « la mort ».

Il est dès lors important de savoir de quelle manière il convient de vivre.

Tout de suite après, Nichiren Daishônin écrit :

Fort de cette considération, pourquoi donc ne pas travailler à la préparation de la vie suivante ?

Puisque la vie a des limites, il faut alors travailler pour la vie suivante. Ce travail consiste à avoir la foi dans le bon Dharma et réciter chaque jour Daimoku. De plus, il ne faut pas se contenter de pratiquer soi-même. Il faut également parler du Dharma Merveilleux au plus grand nombre, en effectuant la pratique de la conversion d’autrui.

Le dimanche 8 septembre aura lieu la cérémonie commémorant la fondation du temple. Nous vous avons déjà envoyé des informations à ce sujet. Je souhaite qu’autant que possible, de nombreuses personnes y participent.

Il faut également faire les préparatifs. Sans la collaboration de tous, la cérémonie ne sera pas une réussite. Je souhaite vivement votre collaboration avec le sentiment que la cérémonie commence par ses préparatifs.

Je termine le sermon de ce jour en priant pour votre diligence accrue. Merci de votre visite au temple.

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