Sermon de Okô

Janvier 2012

 

Traité sur le véritable aspect des dharmas

(shohô jissô shô - 諸法実相抄)


Efforcez-vous dans les deux voies de la pratique et de l’étude. Sans pratique ni étude, ce n’est pas le Dharma du Bouddha. Faites-le vous-même et enseignez-le à autrui.

La pratique et l’étude proviennent de la foi. Si vous en avez la capacité, transmettez ne serait-ce qu’un mot, une phrase.

 

 

Je suis très heureux de votre participation nombreuse à cette première cérémonie de Okô de l’année et d’avoir pu, avec vous, exprimer notre gratitude envers la bienfaisance de Nichiren Daishônin.

Cette année encore, mes sermons pour Okô seront basés sur la phrase de Gosho du mois, publiée sur le calendrier.

L’année dernière, 26 camarades des bodhisattvas jaillis de terre on vu le jour. Au regard de l’objectif de 35, personne, il a manqué encore un petit quelque chose. Cette année, j’ai décidé de fixer l’objectif à 20 personnes. Afin de réaliser cet objectif, nous devons porter une réflexion sur notre conduite et corriger radicalement ce qu’il y a lieu de changer et, moine et pratiquants réunis, progresser avec énergie en nous efforçant dans la récitation sérieuse du Daimoku.

Lorsqu’elles entendent parler de chiffre, certaines personnes semblent éprouver un vif ressentiment. Je l’ai dit et répété maintes fois dans le passé, mais, dans la mesure où ce mois représente le point de départ de cette année, je vais l’expliquer de nouveau.

Je pense que vous avez tous suffisamment compris que "pratiquer en fixant des objectifs" est important. Il y a bien entendu des exceptions, mais la majorité d’entre nous n’a-t-elle pas commencé la pratique pour « devenir heureux », pour « se débarrasser de la souffrance », pour « guérir d’une maladie » ou bien pour « se changer » ?

Ces souhaits de « devenir heureux », « se débarrasser de la souffrance », « guérir d’une maladie » de « se changer », sont autant d’occasion nous ayant permis de commencer la pratique. On peut également dire qu’ils constituent tels quels des objectifs fixés lors du début de la pratique.

La pratique de la Nichiren Shôshû comporte des buts encore plus nobles : à savoir « devenir Bouddha en cette vie », « la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude » et « la vaste propagation ». C’est pour réaliser ces objectifs, que nous nous efforçons le matin et le soir dans la pratique du Gongyô et de la récitation du Daimoku. C’est là l’attitude naturelle d’un pratiquant.

Les objectifs de shakubuku également représentent des objectifs du point de vue de la foi des moine et pratiquants du Shingyôji et ne sont en rien différents des objectifs personnels évoqués à l’instant. C’est pourquoi, donner un chiffre concret et progresser avec énergie tout au long de l’année vers la réalisation de cet objectif n’a absolument rien d’extraordinaire. Au contraire, c’est un objectif qu’il convient de réaliser chaque année afin de répondre à la mission que le souverain du Dharma Nichinyo Shônin nous a confiée pour 2015.

Admettons, par exemple, que nous fassions le projet de marcher pendant 5 jours vers un lieu d’arrivée situé à 50 km. Si l’on fait une simple répartition par jour, on touche au but en marchant 10 km par jour. Si l’on pense faire tout le trajet d’une traite et que l’on décide de parcourir d’abord 30 km, ce sera alors trop dur pour les personnes non habituées à marcher et, comme effet, elles auront sans doute des élongations et des déchirures musculaires, l’état de leurs genoux se dégradera et finalement, elles ne pourront pas marcher les 20 km restant et seront dans l’incapacité d’atteindre le lieu d’arrivée.

Afin de parvenir avec certitude au lieu final situé à 50 km, on fixe l’objectif de « marcher 10 km par jour » et de continuer tous les jours. Si nous établissons un objectif de 10 km par jour, nous pourrons alors concrètement prévoir à notre manière notre vitesse de marche, combien de kilomètres nous devons parcourir en une heure, comment prendre nos repos. Je pense que vous comprenez tous que ces éléments sont importants.

Il m’est arrivé de prendre du poids aux environs de ma 25ème année. Incidemment, j’étais en mauvaise condition physique et, allant consulter un médecin, le docteur m’a dit « il faudrait maigrir un peu ». Je crois me rappeler que mon poids d’alors était 78 kilos.

Ne parvenant pas à comprendre ce qu’il voulait dire par « un peu », je lui ai demandé : « concrètement, combien de kilos dois-je perdre » ? Il m’a répondu : « l’idéal serait de perdre 15 kilos ». Je vous laisse imaginer la suite.

1 à 2 kilos peuvent pour certains représenter ce « un peu ». Pour d’autres, « un peu » se situera peut-être dans une fourchette autour de 5 kilos.

Si je vous disais « efforçons-nous un peu dans shakubuku » comprendriez-vous ce que représente concrètement « un peu », à quel niveau faudrait-t-il faire des efforts ?

Dès lors, vous donnant un chiffre précis, si je vous dis « cette année efforçons-nous vers tel objectif », c’est exactement la même chose que lorsqu’on m’a dit « l’idéal serait de perdre 15 kilos ». L’objectif ne devient-il pas alors visible ?

Bien entendu, ce n’est absolument pas un objectif destiné à simplement faire du chiffre. Pour réaliser cet objectif, on récite du Daimoku et on passe à l’action. On trouve diverses idées et on s’unit pour avancer vers cet objectif. Je souhaite que chacun de vous prenne bien conscience que là réside la signification de l’objectif.

La « sérénité du pays par l’établissement de la rectitude », la « vaste propagation » ne vont pas se réaliser en se consacrant uniquement à la pratique personnelle.

La condition sine qua non pour que « les êtres et leur territoire deviennent paisibles grâce à l’enseignement correct », est que de nombreuses personnes aient foi dans le Gohonzon et récitent le Dharma merveilleux. Pour que de nombreuses personnes pratiquent, il est absolument nécessaire que nous, qui avons reçu et gardons le Gohonzon, qui le pratiquons avec foi fassions connaître le bon Dharma à ceux qui ne le connaissent pas encore, autrement dit, fassions shakubuku.

Egalement, pour « propager largement le bon Dharma », comme on l’a dit à l’instant, nous n’avons pas d’autre moyen que la pratique personnelle et la conversion d’autrui.

Autrement dit, la « sérénité du pays par l’établissement de la rectitude » et la « vaste propagation » dépendent de notre mise en application de la pratique personnelle et de la conversion d’autrui.

Afin de progresser avec certitude vers ces importants et, plus que tout, nobles objectifs, le premier pas, le point de passage, est de respecter la directive du souverain du Dharma Nichinyo Shônin :

« Ambitionnez d’abord l’augmentation de 50% des membres du Hokkekô jusqu’en 2015 ».

« Shakubuku » est la pratique sublime des bodhisattvas et est également une ascèse pratiquée par le Bouddha originel Nichiren Daishônin lui-même.

C’est pourquoi, on ne peut pas dire qu’une attitude spirituelle par laquelle on pratique uniquement pour son propre bonheur et solutionner ses problèmes soit suffisante en tant que membre du Hokkekô de la Nichiren Shôshû.

Le souverain du Dharma Nichinyo Shônin disait la chose suivante :

« De même que dans la société, le bonheur uniquement personnel est impossible, le véritable bonheur est le bonheur partagé par soi et les autres ».

Ainsi, l’éclairage de l’enseignement de Nichiren Daishônin nous montre que dans la perspective de la réalisation notre bonheur personnel et de celui d’autrui, il n’y a pas d’autre alternative que faire shakubuku. Pourquoi ? Parce que le Dharma secret permettant le salut des tous les êtres n’est autre que Myôhôrengekyô, grand Dharma enfoui et caché au profond des phrases du Sutra du Lotus ».

Le passage du Traité sur le véritable aspect des dharmas étudié aujourd’hui est également un passage montrant l’importance de la foi dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui.

Ce Gosho a été écrit le 17 du 5ème mois de l’année 1273 à Ichinosawa, dans l’île de Sado. C’est une lettre adressée par Nichiren Daishônin à son disciple Sairenbô. Ce dernier est devenu disciple de Nichiren Daishônin à Sado. C’était un moine de l’école du Tendai. On ne sait rien de lui, mais à la lecture des Gosho qui lui ont été adressés, on suppose qu’il s’est converti en janvier 1272 à l’occasion du débat qui eut lieu à Tsukahara entre Nichiren Daishônin et les moines des autres écoles (le débat de Tsukahara). Sairenbô vivait lui-même à Sado en tant qu’exilé. Parmi tous les Gosho qui lui ont été adressés nombreux sont extrêmement ardus et contiennent des doctrines d’une grande profondeur. On peut y percevoir l’amplitude des connaissances de Sairenbô en tant que moine.

Nichiren Daishônin a été transféré en avril 1272 (9ème année de Bun’ei) de Tsukahara à Ichinosawa. Cependant, son traitement en tant que déporté ne varia pas. Il se trouvait dans le dénuement le plus total, privé bien entendu de vivres au quotidien, mais manquant aussi de papier, de pinceaux et d’encre.

Malgré ces conditions, Nichiren Daishônin écrivit de nombreux Gosho, à commencer par le Traité sur transmission essentielle à travers vies et morts, la Transmission orale sur l’éveil des végétaux, le Traité qui ouvre les yeux, le Traité sur la prière, le Traité sur le Honzon de la contemplation de l’esprit.

Parmi ces écrits, le Traité qui ouvre les yeux, écrit en février 1272 (9ème année de Bun’ei) révèle que le Bouddha doté des trois vertus de souverain, maître et parents, constituant le Honzon de tous les êtres est Nichiren Daishônin lui-même et le Traité sur le Honzon de la contemplation de l’esprit écrit un mois avant le traité étudié aujourd’hui éclaircit la doctrine et la pratique concernant le Honzon de la contemplation de l’esprit, établi pour tous les êtres de la Fin du Dharma et indique que la substance de ce Honzon se trouve dans le cœur même de Nichiren Daishônin.

Le traité d’aujourd’hui, fondé sur la signification de la révélation du Gohonzon de la Personne et du Dharma défini par le Traité qui ouvre les yeux et le Traité sur le Honzon de la contemplation de l’esprit, dévoile une partie de la doctrine intérieure de Nichiren Daishônin et enseigne l’importance de recevoir, de garder et de pratiquer avec foi le meilleur Gohonzon du Janbudvipa à Sairenbô, devenu disciple depuis peu.

Nous allons à présent lire le passage.

Efforcez-vous dans les deux voies de la pratique et de l’étude.

Les trois piliers spirituels de la Nichiren Shôshû, les trois voies que les moines et les pratiquants doivent mettre en applications sont « la foi », « la pratique » et « l’étude ». Il est impossible de considérer l’un de ces trois éléments à part, le considérant plus important que les autres. Cependant, si l’on veut absolument en détacher un, le plus important est « la foi ».

Une pratique et une étude dénuées de foi ne sont que formalistes. Par exemple, même si l’on étudie de toutes ses forces l’enseignement du Bouddha, il ne constitue plus qu’un enrichissement de ses connaissances personnelles ou une étude professionnelle. Dans ce cas, le contenu de ce que l’on étudie n’apparait pas sous la forme des œuvres et vertus de sauver et de guider les hommes du point de vue du bouddhisme.

Si l’on a l’esprit de la foi, alors, naturellement, la reconnaissance vis-à-vis de la bienfaisance du Bouddha, le sentiment de gratitude, naissent et la pratique, exprimant ce sentiment apparait.

Par ailleurs, ceux qui ont la foi envers le Dai Gohonzon doivent mettre quotidiennement la pratique et l’étude en application. En particulier, dans la pratique, il y a la pratique personnelle, c’est-à-dire le Daimoku que l’on récite pour soi-même et la pratique de la conversion d’autrui, qui consiste à préconiser la foi aux autres en les guidant.

L’étude consiste bien sûr à étudier l’enseignement et la doctrine de Nichiren Daishônin. Au temple, comme aujourd’hui, le moine parle d’une phrase du Gosho que nous étudions tous ensemble. Il y a également les cours de Gosho et les cours sur les fondements du bouddhisme. Il est certain qu’il y a peu de documents d’étude. Tous les Gosho ou les termes bouddhiques ne sont pas traduits. Ce problème n’existe pas seulement pour le Français. Des traductions en Italien ou en Allemand sont également nécessaires.

Les cours de Gosho ou les cours sur les fondements du bouddhisme sont organisés au temple pour compenser un peu ce manque. C’est pourquoi, il ne convient pas de se contenter d’assister uniquement à Okô. Je souhaite absolument que vous assistiez également aux autres réunions afin que nous étudiions ensemble l’enseignement.

Sans pratique ni étude, ce n’est pas le Dharma du Bouddha.

Si l’on dit « J’ai foi dans le Gohonzon » et qu’on ne fait rien, la propagation du Dharma, comme la continuité dans l’avenir sont alors impossibles. Comme je l’ai dit à l’instant, l’ascèse comporte « la pratique personnelle » et « la pratique de la conversion d’autrui ». Dès lors, si la pratique ou l’étude s’interrompait, le Dharma du Bouddha disparaitrait. Nichiren Daishônin nous encourage ainsi à faire des efforts dans la pratique et l’étude.

Faites-le vous-même et enseignez-le à autrui. La pratique et l’étude proviennent de la foi.

Ici, Nichiren Daishônin nous exhorte à faire des efforts dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui sur la base de la foi envers le Dai Gohonzon.

Il dit clairement : « Ayez une forte foi et, en même temps, expliquez l’enseignement à d’autres personnes ». Pratiquer shakubuku est la directive de Nichiren Daishônin. C’est une ascèse que ses disciples et bienfaiteurs doivent pratiquer.

Si vous en avez la capacité, transmettez ne serait-ce qu’un mot, une phrase.

Le grand patriarche retiré Nikken Shônin donnait la directive suivante au sujet de cette phrase :

« Cette directive est donnée à Sairenbô. Cependant, nous devons la considérer comme une directive donnée par le Bouddha originel Nichiren Daishônin à tous les moines et pratiquants de la Fin du Dharma que nous sommes. Il s’agit là d’une phrase très importante. Vous-mêmes Mesdames et Messieurs, si vous en avez la capacité, enseignez ne serait-ce que d’un mot, une phrase, les œuvres et vertus de ce grand Dharma à ceux qui ne l’ont pas encore entendu. Réfléchissez profondément au fait que l’enseigner est la pratique nous permettant, nous et autrui, de véritablement devenir Bouddha dès ce corps ».

Citant les mots du grand Maître Miaolè, Nichiren Daishônin écrivait dans une Réponse à Messire Shijô Kingo :

« Dans le huitième fascicule du Guketsu, il est dit : "la fermeté du cœur détermine la puissance de la protection des dieux". Même la protection des dieux dépend de la force d’esprit de l’homme ».

Quoi qu’ils fassent, ceux qui ont une ferme décision, une forte volonté bénéficieront immanquablement de la protection des divinités et réaliseront leur but.

Je pense qu’à l’occasion du début de l’année, il est essentiel que chaque membre du Hokkekô du Shingyôji fixe des objectifs. Ensuite, une fois déterminés ses objectifs, il est important de réciter d’abord Daimoku, de prier le Gohonzon, prendre la ferme décision « d’aller jusqu’au bout » dans la direction des objectifs fixés et de graver cette décision dans son cœur.

Je termine ce sermon en souhaitant du fond du cœur qu’à partir du moment où le Hokkekô du Shingyôji a fixé ses objectifs, tous ses membres, unis, progressent avec énergie tout au long de l’année avec la ferme volonté de répondre à la directive du souverain du Dharma Nichinyo Shônin en réalisant infailliblement ces objectifs.

Je vous remercie de votre visite au temple.

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