A l’âge de treize ans (1961), écoutant un 45 tours des Chaussettes Noires, j’ai eu la révélation : je serai musicien de Rock. A partir de là, je fis tout pour réaliser ce rêve. Il fallait d’abord convaincre mes parents de m’acheter une guitare, puis apprendre à en jouer. Finalement, à 16 ans, je fis ma première scène à Aire sur l’Adour, dans les Landes.
Je me suis marié en 1970 et ai reçu le Gohonzon en 1971. C’était au sein de la Nichiren Shôshû Française, ancien nom de la Soka Gakkai. Comme on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie et que de toute façon, comme 99% des musiciens je me fis entendre le fameux ultimatum : « c’est moi ou la musique », j’ai rangé ma guitare, la reprenant de temps à autre pour faire un bœuf, sans plus, pour l’enterrer définitivement en 1981. L’année de ma réception de Gohonzon, en 1971, je fis mon premier Tozan au retour duquel, je décidai d’étudier la langue Japonaise.
Onze ans et un divorce puis un nouveau mariage plus tard, je décidai d’aller vivre au Japon pour me perfectionner. J’y vécus sept ans avec femme et enfants, de 1982 à 1989. Pendant ces années, je fréquentais assidument les réunions de discussions de la Soka Gakkai et également les temples de la Nichiren Shôshû. Je compris dès lors rapidement que la Soka Gakkai n’avait rien à voir avec le bouddhisme et n’avait adopté l’enseignement de la Nichiren Shôshû que pour se donner une image religieuse et pour, insidieusement, manipuler ses adeptes afin de les détourner du courant orthodoxe.
Las d’entendre les sempiternelles louanges à la gloire de Monsieur Daisaku Ikeda et de participer à des réunions où la plupart du temps on ne discutait que des stratégies pour amener le plus de personnes possibles à voter pour le Komeito, parti politique issu de la Soka Gakkai, je ne fréquentais plus que les temples et prit pour maître le supérieur de l’un d’entre eux, qui voulut bien m’accepter comme disciple laïc.
Je suis revenu en France en 1989, sans trop savoir pourquoi. J’allais pour la forme voir ce qu’il se passait dans les réunions de discussions de la SGF. J’ai tout de suite compris que le cas était désespéré et ai laissé tomber. Le 15 janvier 1990, je fus averti par mon maître que le Grand Patriarche Nikken Shônin avait décidé de mettre un terme aux déviations religieuses de la Soka Gakkai et de son président. Je m’inscrivis le jour même comme membre du Hokkekô de son temple. Je fus ensuite presque aussitôt contacté par le département d’outremer de la Nichiren Shôshû, me demandant de regrouper les membres de la Soka Gakkai désirant quitter cette organisation pour rejoindre la Nichiren Shôshû. Sans le vouloir, je me retrouvais ainsi sur le front de la propagation de la Nichiren Shôshû en France.
Inutile de dire que ça ne s’est pas très bien passé avec la Soka Gakkai, qui s’est livrée à des filatures à mon égard, a proféré des menaces et a fait courir des bruits infâmes sur ma personne.
La grande majorité des jeunes avec lesquels j’ai commencé la pratique en 1970 a abandonné notre rêve commun qui était la création d’un temple de la Nichiren Shôshû en France. L’idée avait été lancée déjà par le 66ème Grand Patriarche Nittatsu Shônin dans le milieu des années 60.
J’ai pu finalement vivre ce rêve lorsque le 3 août 2003, le Grand Patriarche Nikken Shônin vint en France pour inaugurer le temple Shingyôji.
Personnellement, j’ai réalisé un autre rêve. Le 18 juin 2006, des amis pratiquants avaient organisé une Garden party chez eux en Normandie. A cette occasion, j’ai eu l’idée de faire un bœuf avec deux compères musiciens. Après 25 ans sans toucher un instrument ni même écouter de musique, il n’était pas évident de s’y remettre du jour au lendemain. Mais ce jour-là, en m’entendant chanter et jouer Summertime Blues d’Eddie Cochran, le virus du Rock m’a repris et j’ai décidé de m’y remettre sérieusement.
En même temps, je me suis rendu compte que j’avais toujours vécu la vie de quelqu’un d’autre et qu’il était temps de vivre la mienne.
Ce que j’ai essayé toutefois de mettre en place, c’est de ne pas être un musicien qui pratique le bouddhisme, mais d’être un bouddhiste qui joue de la musique. Cette nuance fut déterminante, d’autant plus, qu’on m’avait confié la responsabilité du Hokkekô de France.
A partir du moment où j’ai véritablement centré ma vie sur le Gohonzon, tout s’est ouvert. Je joue désormais dans un groupe qui commence à avoir un peu de succès et ce qui est drôle, c’est que j’y joue les chansons des Chaussettes Noires, des Chats Sauvages et d’Eddie Cochran, celles-là même qui m’ont donné le goût à la musique.
Finalement, mon expérience de 43 ans de pratique est que si l’on agit comme il est écrit dans les écrits de Nichiren Daishônin, il se passe également comme ce qui est écrit.
Si l’on centre sa vie sur le Gohonzon, alors, inutile d’abandonner ses rêves. Au contraire, il faut les poursuivre et, si c’est ce qui est bon pour nous, alors nous les réaliserons.