Novembre 2013

Dialogue du saint et du sot

『Shôgu mondô shô - 聖愚問答抄』

Vous avez à présent éveillé la foi conséquente en une pensée. Comme un couvercle correspond à une boîte, il est dès lors hors de doute que la compassion du Bouddha et votre réceptivité vont correspondre.

Je suis très heureux de votre participation nombreuse à la cérémonie de Okô et d’avoir, avec vous, exprimé notre gratitude envers notre fondateur Nichiren Daishônin par le biais de la lecture du sutra et la récitation de Daimoku.

Grâce à votre collaboration, Oéshiki s’est magnifiquement déroulée. Je voudrais profiter de l’occasion pour vous présenter mes sincères remerciements.

Les pratiquants venus de l’étranger sont rentrés chez eux très heureux. Je pense que tous vont progresser avec énergie dans leurs pays respectifs.

Comme je le dis toujours, en France il y a le Shingyôji où un moine vit à demeure. En Europe, cette situation n’existe qu’en France et en Espagne. Pour cela, je souhaite vivement que vous ressentiez la chance que vous avez du point de vue de la pratique par rapport aux pratiquants des autres pays d’Europe.

Par-dessus tout, nous avons bénéficié de la venue de l’ancien Grand Patriarche Nikken Shônin lors de l’inauguration de ce temple et, au mois de septembre dernier, de celle du grand Patriarche actuel Nichinyo Shônin. En dix ans, nous avons donc accueilli deux Grands Patriarches. Je crois qu’il n’y a pas de plus grande joie, de plus grande chance que celle là.

Je pense que pour cette raison, les pratiquants d’un pays où il y a un temple doivent être de bons exemples pour ceux des autres pays où il n’y en a pas. En même temps, ils doivent avoir une foi appropriée au fait d’avoir reçu la visite de deux Souverains du Dharma. Je vous demande de progresser avec énergie en ayant cette pensée.

Ce mois-ci, nous étudions un extrait du Dialogue du saint et du sot.

Je vous ai déjà parlé de ce Gosho lors de la cérémonie de Okô du mois d’octobre 2010. Je vous en avais alors dressé une vue d’ensemble.

C’est un Gosho écrit sous la forme d’un dialogue. Par le biais du jeu de questions et de réponses, le sot finit par décider de prendre la foi dans le Sutra du Lotus. C’est, autrement dit, un écrit de shakubuku.

Le passage de ce mois se situe à la fin du Gosho. Il s’agit des paroles prononcées par le saint vis-à-vis du sot qui vient de prendre la décision de prendre la foi dans le Sutra du Lotus.

Vous avez à présent éveillé la joie conséquente en une pensée.

« Vous » désigne le sot dont je viens de parler.

« La joie conséquente en une pensée » désigne le niveau du pratiquant débutant dans l’ascèse du Sutra du Lotus. Une pensée exprime la courte durée d’un instant. La joie conséquente signifie ressentir de la joie en suivant l’enseignement du Bouddha, autrement dit, ressentir de la joie en ayant une foi docile.

La joie conséquente en une pensée est enseignée d’abord dans la partie de la doctrine éphémère, au 10ème chapitre « Les maîtres du Dharma » du Sutra du Lotus. Elle est ensuite prêchée dans la doctrine originelle au 17ème chapitre Discernement des œuvres et vertus.

Je vais expliquer succinctement « la joie conséquente en une pensée » qui apparaît au 18ème chapitre Œuvres et vertus de la joie conséquente.

Le chapitre dix-sept, les Maitres du Dharma expose le principe de shishin gohon, les quatre étapes de la foi et les cinq étapes de la pratique. Parlant des œuvres et vertus inhérentes à l’écoute du chapitre Durée de la vie de la doctrine originelle, le Bouddha Śākyamuni explique qu’il y a un ordre de quatre étapes de la foi aux disciples de son vivant et cinq étapes de la pratique aux disciples après son extinction.

Les Mots et phrases du Lotus exposent les quatre étapes de la foi (shishin) de la manière suivante :

1)    Ichinen shinge (éveiller la Une pensée de la foi et de la compréhension)

2)    Ryaku gegon shu (comprendre succinctement le sens de l’enseignement)

3)    Kô i ta setsu (garder avec foi l’enseignement et l’enseigner à autrui)

4)    Jinshin kanjô (parvenir à une foi profonde et comprendre le principe en l’observant).

Ils expliquent ensuite les cinq étapes de la pratique :

1)    Zuiki hon (ressentir la joie conséquente à l’écoute de l’enseignement de la doctrine originelle du Sutra du Lotus après l’extinction du Bouddha)

2)    Dokuju hon (lire et connaître par cœur le Sutra du lotus)

3)    Seppo bon (recevoir et garder soi-même et enseigner aux autres)

4)    Kengyô rokudo hon (garder avec foi le Sutra du Lotus et pratiquer accessoirement les six perfections)

5)    Shôgyô Rokudo hon (pratiquer principalement les six perfections du point de vue de la doctrine originelle).

Parmi ces éléments, éveiller la Une pensée de la foi et de la compréhension, première des quatre étapes de la foi au niveau de l’ascèse du Sutra du Lotus par les disciples du vivant du Bouddha Śākyamuni et ressentir la joie conséquente à l’écoute de l’enseignement de la doctrine originelle du Sutra du Lotus, première des cinq étapes de la foi après l’extinction du Bouddha, constituent « la joie conséquente en une pensée ».

Ce principe est fondé sur le passage suivant du 17ème chapitre du Sutra du Lotus, Distinction des œuvres et vertus :

« Plus encore, après la disparition de l’Ainsi-venant, si l’on entend ce sutra sans le calomnier ni le critiquer et en éveillant la joie conséquente en une pensée, il faut le savoir, ce sera déjà l’aspect de la profondeur de la foi et de la compréhension ».

Ainsi, après l’extinction du Bouddha, entendre l’enseignement du chapitre Durée de la vie et éveiller un sentiment de joie sans le critiquer, c’est le niveau du premier degré de la foi.

Autrement dit, il est exposé ici qu’entendant l’enseignement du saint, le sot ressentit une grande joie et décida de pratiquer le Sutra du Lotus.

La phrase suivante est :

Comme un couvercle correspond à une boîte, il est dès lors hors de doute que la compassion du Bouddha et votre réceptivité vont correspondre.

Il est question ici des œuvres et vertus inhérentes à la joie conséquente ressentie par le sot.

Comme un couvercle correspond à une boîte désigne un couvercle parfaitement adapté à une boîte. C’est par exemple cette situation (une boîte a été prévue pour la démonstration). Si le couvercle n’est pas rond, on ne peut pas fermer correctement la boîte. Avec un couvercle carré comme celui-ci (le couvercle aussi a été préparé), c’est absolument impossible.

La boîte, c’est nous, les êtres. Nous avons tous des états de vie différents et également des caractères différents. Nous pouvons donc dire que nous sommes tous des boîtes différentes.

Quant au couvercle, il s’agit des bienfaits de la foi envers le Gohonzon. autrement dit, même si nous sommes tous différents, à partir du moment nous avons une foi sincère nous poussant à pratiquer sans négliger Gongyô et la récitation de Daimoku ainsi que shakubuku, nous obtiendrons de manière égale des bienfaits.

Quant à la compassion du Bouddha et votre réceptivité vont correspondre, l’ancien Grand Patriarche Nikken Shônin donnait la directive suivante :

Dans l’expression « la compassion du Bouddha et votre réceptivité vont correspondre », la réceptivité désigne notre foi. La compassion désigne l’accumulation parfaite des précieuses œuvres et vertus du Gohonzon. Quant à correspondre, la locution japonaise contient le mot « voie », qui désigne notre récitation du Daimoku. Grâce à cette pratique, l’intégralité des œuvres et vertus du Gohonzon correspondent avec notre vie d’hommes ordinaires plongés dans l’illusion. Ainsi, Les illusions des neuf mondes peuvent recevoir telles quelles le monde du Bouddha. Autrement dit, grâce à la foi, notre vie plongée dans l’illusion des neuf mondes correspond avec le Gohonzon et, la véritable présence mutuelle des dix mondes opérant, il y a correspondance entre la compassion du Bouddha et notre réceptivité.

Ainsi, si nous nous efforçons dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui avec foi dans le Gohonzon, infailliblement, le grand bienfait de devenir Bouddha pourra se manifester en nous-même.

Nikken Shônin disait encore la chose suivante :

Nous sommes la boîte. Autrement dit, nous sommes un récipient. Toutes les personnes vivantes présentes ici ont un récipient qui est leur vie. Même s’il y a de grands récipients ou de petits récipients, qu’il y en a de toues sortes, grâce à la foi correcte, chaque récipient reçoit le couvercle qui lui convient. Dès lors s’établit la relation correcte entre le récipient et le couvercle.

Les boîtes à objets étant fabriquées selon des dimensions réglementées, elles ne bougent pas. Elles ne peuvent ni grossir ni diminuer. Par contre, c’est différent pour nous. Même si pour le moment nous sommes un petit récipient, nous pouvons rapidement nous développer. Chaque être humain possède la capacité de se développer sans limite. Grâce à ces précieuses et illimitées œuvre et vertus, le récipient de sa vie peut s’élargir à l’infini.

Là réside le fait que les œuvres et vertus du Daimoku sont illimitées. Ceux qui ne connaissent pas Daimoku, c’est-à-dire ceux qui ne connaissent pas la foi dans le Gohonzon correct des trois grands Dharmas ésotériques ni les œuvres et vertus du Daimoku, sont finalement enfermés uniquement dans leur propre manière de penser.

Comme l’enseigne cette directive, nous pouvons élargir à l’infini le récipient de notre vie grâce à la pratique correcte. A l’inverse, ceux qui ne connaissent pas Daimoku « sont enfermés uniquement dans leur propre manière de penser » et sont donc à plaindre.

C’est pourquoi, il est important que tout en agrandissant notre propre récipient, nous fassions shakubuku avec l’esprit de compassion à ceux qui ne connaissent pas encore le Daimoku.

Je termine ce sermon de gratitude en priant du fond du cœur pour que vous ayez conviction dans les paroles « comme un couvercle correspond à une boîte, il est dès lors hors de doute que la compassion du Bouddha et votre réceptivité vont correspondre » du Gosho de ce mois et que dès aujourd’hui, vous progressiez avec un sentiment nouveau dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui.

Merci de votre visite au temple.

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