Juin 2013

Réponse à Messire Toki entré dans la voie

『Toki nyûdô dono gohenji - 富木入道殿御返事』

Notre vie est limitée. Il ne faut donc pas la ménager. Ce qu’il faut finalement désirer est le pays du Bouddha.

Je suis très heureux d’avoir pu exprimer avec vous, venus nombreux, notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin, par le biais de la cérémonie de Okô de ce mois.

Ce mois-ci, nous étudions un extrait de la Réponse à Messire Toki entré dans la voie.

Ce Gosho, daté du 23ème jour du 11ème mois de la 8ème année de Bun’ei (1271) a été écrit par Nichiren Daishônin depuis Tsukahara, peu de temps après son arrivée à l’île de Sado, après la persécution de Tatsunokuchi. Il s’agit d’une lettre adressée à Messire Toki Jônin. L’original de ce Gosho a disparu.

Après la persécution de Tatsunokuchi qui eut lieu le 11 septembre de la 8ème année de Bun’ei, Nichiren Daishônin, condamné à l’exil à Sado, parti du manoir du Seigneur Honma à Echi le 10 octobre et parvint à Teradomari, dans la province d’Echigo le 21 du même mois. Là, on attendit les vents favorables pour faire la traversée par voie maritime. Cette dernière eut lieu le 28 octobre. Nichiren Daishônin parvint à son lieu de déportation, Tsukahara, le 1er novembre.

Le lieu où vécut Nichiren Daishônin à Tsukahara, s’appelait le Sanmaidô. Dans Les diverses attitudes, il écrit :

« Le 1er jour du 11ème mois, [on me conduisit] dans une plaine appelée Tsukahara, située derrière la demeure de Rokurô Saemon. En un lieu semblable au Rendai no de Kyôtô, où l’on jetait les cadavres, se trouvait un temple d’une pièce [entourée de] quatre murs. Aucun Bouddha n’y était enchâssé. Les planches du toit étaient disjointes et les quatre murs délabrés. La neige s’y accumulait sans jamais fondre. Je restais là, nuit et jour sur une peau de bête, vêtu d’un manteau de paille. La nuit, sans répit, la neige ou la grêle tombaient et le tonnerre et la foudre s’abattaient. Le jour, même la lueur du soleil ne brillait pas. C'était un lieu à vous décourager de vivre ».

Comme l’indique ici Nichiren Daishônin, il vivait dans le Sanmaidô, un taudis construit dans un champ où l’on enterrait les cadavres, situé derrière la demeure de Honma Rokurô Saemon.

Je vous ai dit que le mois dernier, après le Tozan de l’Aération des trésors sacrés, nous avons visité Sado.

Il y a six ans, en 2007, pour célébrer le 750ème anniversaire de la présentation de la bonne doctrine du Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude, une stèle a été construite sur l’emplacement de Tsukahara. Cette stèle a été construite conformément à ce que Nichiren Daishônin a consigné dans le passage lu à l’instant.

Après avoir pratiqué le Gongyô sous la direction du supérieur du temple Myôgoji, nous nous sommes rendus devant la stèle de Tsukahara. Ce jour-là, un fort vent glacial soufflait. Comparé à l’époque où Nichiren Daishônin vivait en ce lieu, on pourrait dire que c’était un vent doux. Nous avons apprécié d’avoir pu expérimenter ne serait-ce qu’un dix millième de ce qu’il a vécu et évoquer les temps anciens. Pour moi, comme pour les participants, ce fut une bonne expérience.

Nous allons à présent aborder le Gosho. Pour commencer, je vais le résumer dans les grandes lignes.

Au début, Nichiren Daishônin expose que la froidure au dernier tiers du mois de Novembre à Sado fait penser aux huit enfers du froid. Les habitants, ignorants le souverain, le maître et les parents sont semblables aux animaux, à plus forte raison, ils ne savent pas faire la différence entre le vrai du faux au sein du bouddhisme. Il évoque ainsi la différence de climat et d’esprit des hommes entre Sado et Kamakura.

Nichiren Daishônin évoque ensuite la Lettre de Teradomari qu’il a adressée à Messire Toki. Il avait écrit cette lettre pendant son séjour à Teradomari, en attendant l’appareillage du bateau l’emmenant à Sado.

Il affirme ensuite qu’il est le premier à propager en ce pays le grand Dharma ésotérique, chose que Nāgārjuna, Vasubandhu, Zhiyi, Saichô et d’autres, considérant le temps, ne firent pas. Les prémices de cette propagation fut le grand tremblement de terre sans précédent de l’ère Shôka (1257) à Kamakura. Il cite ensuite la preuve écrite des sutras et des commentaires prouvant que Nichiren est bien le bodhisattva Jôgyô jailli de terre.

Il demande ensuite à Messire Toki de regrouper l’intégralité des sutras, le Traité de grande sagesse, afin qu’ils ne soient pas dispersés et de transmettre aux jeunes novices de s’adonner avec énergie à l’étude.

Il ajoute ensuite qu’il n’y a pas lieu de se lamenter de son exil, car il savait que, conformément aux prédictions des chapitres Exhortations à garder et Sans mépris, le pratiquant du Sutra du Lotus devait rencontrer de grandes difficultés. Pour finir, Nichiren Daishônin écrit le passage de ce mois : « Notre vie est limitée. Il ne faut donc pas la ménager. Ce qu’il faut finalement désirer est le pays du Bouddha ».

On dit que la vie de Nichiren Daishônin fut une suite de quatre grandes persécutions et d’un nombre incalculable de petites difficultés. Il passa en effet sa vie à propager le Dharma en endurant des difficultés. Son seul but était le salut des êtres de l’éternité de la Fin du Dharma, par le bon enseignement. Il faut y voir la grande compassion du Bouddha originel et ne ressentir qu’un sentiment de gratitude.

Nichiren Daishônin écrivait :

« Même une personne qui vit longtemps dépasse rarement cent ans. Ce qui se passe pendant ce temps n'est que le rêve d'un instant ».

Aujourd’hui, grâce aux progrès de la science, la durée moyenne de vie a augmenté. Le 15 mai dernier, l’OMS a publié les « Statistiques sanitaires Mondiales 2013 (World Health Statistics 2013) ». Dans ce rapport, l’OMS a comparé la longévité moyenne des pays membres en 2011.

La durée de vie moyenne des pays concernés est de 70 ans. La longévité des hommes et des femmes en France est de 82 ans, ce qui place ce pays en 4ème position. La comparaison par sexes établit une longévité de 78 ans pour les hommes (24ème rang) et de 85 ans (2ème rang) pour les femmes. On voit ici que les femmes vivent plus longtemps. Incidemment, le premier rang mondial pour les hommes se situe au Qatar et pour les femmes, c’est le Japon.

Même du point de vue de ces statistiques, vous comprenez ce que voulait dire Nichiren Daishônin par « Même une personne qui vit longtemps dépasse rarement cent ans ».

Même si l’on se dit « je veux vivre encore longtemps » ou « je ne veux pas mourir », la mort se présentera à tous. Autrement dit, notre vie à des limites.

Le problème est de savoir de quelle manière vivre cette vie limitée. A devenir prisonnier de ses désirs, vivre au quotidien pour uniquement ressentir la satisfaction de bonheurs fugitifs, on vit finalement une vie de souffrances et d’illusions.

Dans une Réponse à Messire de Uéno, Nichiren Daishônin écrivait :

« Je souhaite donc que mes disciples éveillent le grand vœu. Ils ne font pas partie des victimes des épidémies de l’année dernière et de l’année précédente. Pourtant, il semble que nous ne pourrons échapper à l’attaque imminente des Mongols. Quoi qu’il en soit, la mort est inéluctable. La souffrance à ce moment-là ne sera pas différente des précédentes. Puisque on doit mourir de toute façon, abandonnez, même pour un instant, votre vie pour le Sutra du Lotus ! Considérez (cette offrande) comme une goutte de rosée rejoignant l’océan, comme un grain de poussière retournant à la terre. Le troisième rouleau du Sutra du Lotus énonce : "Notre souhait est que par ces œuvres et vertus, universellement à tous propagées, nous et les êtres réalisions, tous ensemble, la voie de l’Eveillé" ».

Il est sans doute rare que nous, qui vivons aujourd’hui, ayons à faire face aux diverses difficultés que rencontra Nichiren Daishônin et pratiquement impossible que nous soyons plongés dans une situation où nous ayons à abandonner notre vie pour la pratique.

Toutefois, si nous pratiquons avec une telle résolution dans notre vie quotidienne, nous n’aurons alors aucune hésitation, ni ne nous apprêterons à fuir, si le cas se présente.

Il en est de même lorsque nous faisons face à des problèmes, des peines ou des souffrances. Si nous déployons alors notre énergie avec résolution et une forte foi dans le Gohonzon, nous ne serons jamais ébranlés, quoi qu’il arrive.

Afin de vivre de manière satisfaisante cette vie limitée, la religion correcte est indispensable. Le véritable bonheur personnel et altruiste ne peut se réaliser en étant économe de cette longévité limitée et en s’attachant uniquement aux désirs immédiats, en se satisfaisant de son petit bonheur personnel.

« Ce qu’il faut finalement désirer est le pays du Bouddha ».

Progressons avec énergie chaque jour en gravant ces mots dans notre cœur et, dans l’unité des corps différents animés du même cœur sur la base de la récitation de Daimoku, pour la réalisation de la vaste propagation et notre propre bonheur et celui d’autrui.

Je termine le sermon de ce jour en priant pour votre santé. Merci de votre visite au temple.

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