Février 2013

Traité qui ouvre les yeux

『Kaimoku shô - 開目抄』

En ces temps, l’homme le plus riche du Japon est Nichiren. Il consacre sa vie au Sutra du Lotus. Son nom demeurera dans les temps futurs.

Je vous remercie de votre visite au temple à l’occasion de la cérémonie de Okô par le biais de laquelle nous exprimons notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin.

La phrase de ce mois est extraite du Traité qui ouvre les yeux.

Ce traité a été écrit au 2ème mois de la 9ème année de Bun’ei (1272) à l’île de Sado. C’est un long texte de deux volumes adressé à Messire Shijô Kingo.

Le Grand Patriarche Nichinyo Shônin ayant commenté un passage du Traité qui ouvre les yeux lors des 6èmes cours d’été du Hokkekô, je vais vous présenter son introduction.

Le 26ème Grand Patriarche Nichikan Shônin a écrit une Exégèse du Traité qui ouvre les Yeux. En ce qui concerne le titre de ce traité, il a expliqué que ce dernier signifiait « ouvrir les yeux aveugles ». En effet, cet écrit s’intitule Traité qui ouvre les yeux, car il a pour but de faire ouvrir leurs yeux aveugles à tous les êtres ignorant le Bouddha originel de l’origine du passé hors le temps doté des véritables trois vertus.

De son vivant, Nichiren Daishônin subit diverses persécutions. Comme vous le savez, certaines d’entre elles, particulièrement graves comme la persécution de Tatsunokuchi, faillirent lui couter la vie. Il y eut également auparavant, la persécution de Komatsubara, l’exil à Izu, la persécution de Matsubagayatsu et bien d’autres qui s’abattirent sur lui.

Constatant ce qui lui arrivait, une partie des disciples se mit à douter. En effet, dans le Sutra du Lotus, il est écrit que le pratiquant de ce sutra bénéficiera immanquablement de la protection des shoten zenjin. Pourtant, Nichiren Daishônin subissait une suite de persécutions. Dès lors, n’était-ce pas parce qu’il s’écartait de la signification du Sutra du Lotus ? Leur doute venait du fait que Nichiren Daishônin subissait de si nombreuses persécutions. Parmi ces personnes, certaines étaient sur le point de s’éloigner de son enseignement.

C’est pourquoi, Nichiren Daishônin écrivit ce Gosho afin d’exhorter ces personnes à « ouvrir les yeux » en leur révélant qui est le véritable pratiquant du Sutra du Lotus et quel genre de Bouddha est le Bouddha de l’origine du passé hors le temps, seul Bouddha à posséder les trois vertus de souverain maître et parents. Telle est l’origine du nom « Traité qui ouvre les yeux ».

Et ainsi, à la fin du Traité qui ouvre les yeux, Nichiren Daishônin indique qu’il est le Bouddha doté des trois vertus, écrivant :

« Nichiren est le souverain, le maître, le père et la mère de tous les hommes du Japon ».

Dans cette phrase, « le père et la mère » désigne « les parents », indiquant ainsi que Nichiren Daishônin est doté des trois vertus de souverain, de maître et de parents. Telle est la conclusion du Traité qui ouvre les yeux ».

Ainsi, le Traité qui ouvre les yeux est un important écrit dans la mesure où il définit ce qu’est le véritable Bouddha et conclut que ce véritable Bouddha n’est autre que Nichiren Daishônin lui-même. Pour cette raison, ce Gosho est appelé « écrit définissant le Honzon en tant que Personne ».

Je vais à présent commenter le passage concerné ce mois-ci.

Dans le passage précédent cette phrase, Nichiren Daishônin explique que bien que dans chaque sutra antérieur, il soit écrit « ce sutra est le meilleur », tous ces sutras, comparés au Sutra du Lotus lui sont inférieurs. Cheng Deng (jp. Chôkan) de l’école de l’Ornementation fleurie, Ci En (jp. Jion), de l’école de la Nature des dharmas ou JiāXiáng (jp. Gashô) de l’école des trois traités (tous des moines chinois) ou bien encore Kôbô de l’école du Shingon au Japon ne l’ont pas compris.

C’est pourquoi, Nichiren Daishônin écrit dans ce Traité qui ouvre les yeux :

« Nichiren sachant la hiérarchie de valeur existant entre tous les sutras, il est supérieur à Cheng Deng de l’Ornementation fleurie, Ci En de la Nature des dharmas, Jiā Xiáng des trois traités et Kôbô du Shingon ».

L’extrait de ce mois apparaît quelques lignes plus loin.

En ces temps, l’homme le plus riche du Japon est Nichiren.

Le Grand Patriarche retiré Nikken Shônin a donné un sermon dans lequel il abordait cette phrase.

Ici, Nichiren Daishônin écrit : « En ces temps, l’homme le plus riche du Japon est Nichiren ». Ce sont des paroles extrêmement respectables dans la mesure où elles indiquent l’immensité de son état de vie en tant que pratiquant du Sutra du Lotus. Nous devons graver fermement cet enseignement dans notre cœur et ne jamais l’oublier.

En substance, le Traité qui ouvre les yeux fut écrit dans le Sanmaidô de Tsukahara. Nichiren Daishônin avait quitté la demeure de Honma à Echi au mois d’octobre de la 8ème année de Bun’ei (1271) et entra dans le Sanmaidô de Tsukahara au début du mois suivant. Le Sanmaidô était en fait une pièce entourée de quatre murs, de laquelle Nichiren Daishônin écrivait :

« Les planches du plafond étaient disjointes et il y avait des trous dans les quatre murs par lesquels la neige s’entassait sans jamais fondre ».

Le vent et la neige s’engouffraient dans son habitation. Telle était la situation de Nichiren Daishônin. Dans cette misérable demeure, il n’avait pas de matelas ni de couverture. Aussi avait-il étendu une couverture en peau et s’était vêtu d’un manteau de paille. C’est dans ces conditions qu’il écrivit le Traité qui ouvre les yeux.

De plus, les conditions de vie à Sado à l’époque étaient telles qu’aucun des déportés n’en revenait vivant. En effet, en raison de telles conditions de vie où l’on avait pratiquement rien à manger, à partir du moment où l’on avait été exilé à Sado, on pouvait s’attendre à mourir à tout instant. Dans ces conditions où de nombreux déportés perdirent la vie à Sado, Nichiren Daishônin écrit : « En ces temps, l’homme le plus riche du Japon est Nichiren ». C’est pourquoi, je pense que si l’on considère ensemble tous ces éléments, cette phrase du Traité qui ouvre les yeux nous montre véritablement par de telles paroles qu’elle est dictée par les vertus du Bouddha originel.

A la lecture de ce sermon, nous comprenons que le mot « riche » écrit par Nichiren Daishônin ne désigne pas une richesse physique ou matérielle.

La signification du mot « riche » est qu’il connaissait la hiérarchie des valeurs au sein de tous les enseignements du Bouddha Shakyamuni et qu’il savait quel était le seul véritable enseignement. Il convient donc de lire ces paroles en sachant que Nichiren Daishônin est le Bouddha originel de la Fin du Dharma.

Par ailleurs, le 56ème Grand Patriarche du temple principal, Nichiô Shônin écrivait au sujet de cette phrase :

Quand il dit « En ces temps, l’homme le plus riche du Japon est Nichiren », ce riche n’est-il donc pas le souverain.

Nichiô Shônin indique ici que cette phrase révèle également la vertu de Souverain au sein des trois vertus. C’est pourquoi, il ajoute :

Nichiren Daishônin est le père de l’ensemencement dans la Fin du Dharma et le souverain du Dharma possédant les trois vertus. C’est pourquoi, il faut le vénérer en tant que Honzon.

Nichiô Shônin nous indique ici que Nichiren Daishônin est le Bouddha originel de la Fin du Dharma et qu’il doit être vénéré comme le Honzon en tant que personne.

Ensuite :

Il consacre sa vie au Sutra du Lotus. Son nom demeurera dans les temps futurs.

Au sujet de ce passage, Nikken Shônin donnait le sermon suivant :

Ensuite, Nichiren Daishônin écrit : « Il consacre sa vie au Sutra du Lotus. Son nom demeurera dans les temps futurs  ». Vous le savez, il fut l’objet de médisances, de jalousie, de calomnies, il fut frappé à coups de sabre, de bâton, de tuiles et de pierres et dut faire face à de multiples persécutions. Lors de celle de Komatsubara où il reçut une blessure entre les sourcils, il fut attendu par plusieurs centaines d’individus dirigés par Tôjô Saemon no Jô Kagenobu. Nichiren Daishônin dépeint la scène de la manière suivante :

« Les flèches pleuvaient comme la pluie et les sabres s’abattaient comme la foudre ».

Malgré cette situation, Nichiren Daishônin vécut encore longtemps. Egalement à Tatsunokuchi où au moment d’être décapité, l’exécution ne put avoir lieu. Nichiren Daishônin subit par ailleurs diverses grandes persécutions. Son attitude reflète parfaitement l’offrande de son corps au Sutra du Lotus. En ce sens, on peut dire de lui que « désirant de tout son cœur voir le Bouddha, il ne ménagea ni son corps, ni sa vie ».

Nous ne devons absolument pas considérer à la légère cette expression : « désirant de tout son cœur voir le Bouddha, il ne ménage ni son corps, ni sa vie » (isshin yokken butsu, fu jishaku shinmyô). Dans la Lettre à Gijôbô, Nichiren Daishônin écrit :

« Dans les stances Jiga du chapitre Durée de la vie, il est dit : "désirant de tout leur cœur voir le Bouddha, ils ne ménagent ni leur corps, ni leur vie". Nichiren manifeste l’effet de la bouddhéité présente dans son cœur par cette phrase. En effet, elle la réalisation des trois grands Dharmas ésotériques de la Une pensée trois mille factuelle du chapitre Durée de la vie. Il faut le taire, il faut le cacher ».

Selon cette orientation, il convient de considérer profondément le fait que les trois grands Dharmas ésotériques, grand Dharma de l’ensemencement dans la Fin du Dharma se manifestent par l’ascèse de Nichiren Daishônin « désirant de tout son cœur voir le Bouddha, il ne ménage ni son corps, ni sa vie » à travers laquelle il consacra sa vie au Sutra du Lotus

Là réside la signification de la phrase : « Son nom demeurera dans les temps futurs ». Le nom de Nichiren Daishônin en tant que Bouddha au triple corps sans artifice du chapitre Durée de la vie du Sutra du Lotus restera pour toujours à la postérité. Il l’écrit du point de vue de son éveil intérieur.

Comme l’a écrit lui-même Nichiren Daishônin, il rencontra « de grandes persécutions à quatre reprises et un nombre incalculable de petites persécutions ». Il les définit par l’expression : « Il consacre sa vie au Sutra du Lotus ».

Toutes ces actions n’étaient pas effectuées pour lui-même. Il établit Nam Myôhôrengekyô des trois grands Dharmas ésotériques, autrement dit le Dai Gohonzon, pour le salut de tous les êtres de la Fin du Dharma. Comme le disait Nikken Shônin, « les trois grands Dharmas ésotériques, grand Dharma de l’ensemencement dans la Fin du Dharma se manifestent par l’ascèse de Nichiren Daishônin « désirant de tout son cœur voir le Bouddha, il ne ménage ni son corps, ni sa vie » à travers laquelle il offrit sa vie au Sutra du Lotus »Nous devons tous graver dans notre cœur cette orientation et faire encore plus d’efforts dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui.

Ainsi s’achève le commentaire de cette phrase fait en suivant le sermon de Nikken Shônin.

Il y a sans doute parmi nous des personnes souffrant de problèmes financiers. Bien entendu, l’argent est nécessaire à notre vie quotidienne. Pourtant, si nous étions riches, serions-nous pour autant heureux ?

L’autre jour, regardant les informations du Japon, il a été rapporté qu’un homme fortuné de 50 ans et sa femme de 48 ans avaient été assassinés. Le coupable a été arrêté. Il semblerait que son mobile soit la rancune. Naturellement, voulant s’emparer d’une partie de leur fortune, il avait dérobé leurs cartes de crédit.

Cinquante ans, c’est ma génération. Aujourd’hui, c’est la fleur de l’âge. Les victimes projetaient peut-être de faire encore beaucoup de choses. Or, ils ont été froidement assassinés.

Ce n’est pas parce qu’on possède de nombreuses maisons et qu’on roule dans des voitures de luxes qu’on est forcément heureux. Au contraire, il faut toujours avoir à l’esprit de tels dangers.

Pour les encourager, Nichikan Shônin, le 26ème Grand Patriarche, écrivait aux membres du Hokkekô de Kanazawa :

Ne vous plaignez pas de votre pauvreté matérielle. Il faut plutôt vous plaindre de la pauvreté de votre foi ».

Face à des difficultés financières, il ne faut pas se plaindre. Il est alors essentiel de s’efforcer dans la foi avec la forte conviction de solutionner infailliblement ce problème, de pouvoir trouver une solution.

C’est alors que l’on peut ressentir physiquement cet extrait du Traité qui ouvre les yeux.

Au début, j’ai cité un cours de Nichinyo Shônin dans lequel il disait de ce traité :

« Il a pour but de faire ouvrir leurs yeux aveugles à tous les êtres ignorants le Bouddha originel de l’origine du passé hors le temps doté des véritables trois vertus ».

Il est pratiquement impossible que les personnes ne connaissant pas l’enseignement de Nichiren Daishônin le connaissent par eux-mêmes. C’est pourquoi, il faut que nous, qui pratiquons, en parlions, l’enseignions. Là réside l’importance de la foi comprenant la pratique personnelle et la conversion d’autrui.

A chaque fois que je parle, je dis « shakubuku, shakubuku, shakubuku ». Certains d’entre vous doivent se dire « bon ça va, on a compris » ! Or, partout, dans les Gosho écrits par Nichiren Daishônin, il nous oriente vers « shakubuku ». Si vous avez compris, je souhaite alors que vous le mettiez rapidement en pratique. Parce que c’est le moyen pour faire ouvrir les yeux aux personnes que vous aimez et pour que vous et eux deveniez heureux.

Je termine mon sermon de reconnaissance en priant pour votre énergie et votre santé. Merci de votre visite au temple.

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