Avril 2013

Réponse à Ota Saemon no Jô

『Ota saemon no jô gohenji -太田左衞門尉御返事』

Le joyau précieux d’Une pensée trois mille a été introduit dans le sac de diamants indestructibles et laissé pour les êtres de la Fin du Dharma misérables que nous sommes.

Je suis très heureux d’avoir exprimé avec vous notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin par le biais de la cérémonie de Okô de ce mois.

Je suis rentré du Japon avant-hier. Le premier dimanche du mois tombait juste le 7 avril, coïncidant avec la grande cérémonie d’aération des trésors sacrés. La pratique de la récitation pour la réalisation de la vaste propagation a donc été avancée à la veille et c’est après la cérémonie de Gokaihi du samedi 6, que nous avons participé à cette pratique de autour du Grand Patriarche et avec les pratiquants présents.

En raison d’une pluie regrettable, la procession précédant le cours de Gosho a été annulée. Le lendemain, le ciel s’est dégagé et le beau temps a accompagné la magnifique cérémonie.

Après la fin du Tozan, j’ai accompagné les pratiquants Français, Allemands, Suisses, Autrichiens et Italiens à l’île de Sado.

Nous avons pratiqué le Gongyô du soir au temple Myôgoji, puis nous nous sommes rendus sur la stèle construite sur les vestiges de Tsukahara. Normalement, en cette saison, la température est douce. Or, ce jour-là, elle avait considérablement chuté et le vent soufflait avec force. Nous avons pu ainsi avoir la chance d’expérimenter, ne serait-ce qu’un peu, ce que fut la vie de Nichiren Daishônin lorsqu’il était exilé en ce lieu.

Le lendemain, nous nous sommes rendus sur le site de la demeure d’Abutsubô. Aujourd’hui, celle-ci est devenue le temple Myôsenji, affilié à la Nichiren Shû. Nous l’avons visité et avons été surpris de son aspect actuel, complètement différent des rites enseignés dans la Nichiren Shôshû. Tous les participants ont ressenti combien il était difficile de transmettre correctement le Dharma correct et ont pris conscience qu’il fallait absolument déployer encore plus notre énergie dans la pratique de shakubuku.

En même temps, nous avons pu apprendre de nouveau l’esprit de « Isshin Yokken Butsu, Fujishaku shin myô » (désirant voir le Bouddha de tout son cœur, il ne ménage ni sa vie, ni son corps) d’Abutsubô qui, en dépit de son âge avancé fit par trois fois Tozan de Sado à Minobu.

Selon le supérieur du temple Myôgoji, on recense environ 280 temples shintos et bouddhistes sur l’île de Sado. Parmi ces temples, il n’y en a qu’un seul de la Nichiren Shôshû. Shakubuku n’est donc pas facile. Toutefois, les membres du Hokkekô du Myôgoji s’efforcent quotidiennement à la pratique de shakubuku et déploient leur énergie dans la perspective de la réalisation de la vaste propagation.

Les participants ont raffermi leur détermination à s’évertuer dans la pratique de shakubuku pour réaliser la vaste propagation, puisque nous récitons tous Nam Myôhôrengekyô avec foi dans le même Gohonzon, indépendamment de la différence de pays et de langues.

En ce qui concerne le texte de Okô, il s’agit d’une phrase de la Réponse à Ota Saemon no Jô.

Cette lettre est datée du 23ème jour du 4ème mois de la première année de Kôan (1278). Son original, écrit par Nichiren Daishônin alors qu’il était dans sa 57ème année a disparu.

Le nom de Ôta Saemon no Jô, à qui cette lettre était adressée, était Ôta Jômyô. Lorsque Minamoto no Yoritomo fonda le shogounat de Kamakura, le grand père de Jômyô se vit confier le poste d’intendant de la Commission de Contrôle (aujourd’hui, l’équivalent du Président de la Cour Suprême). Par la suite, le père de Jômyô et Jômyô lui-même travaillèrent comme fonctionnaires de la Commission de Contrôle. Le titre lié à cette fonction était « Saemon no Jô » ou encore, « Kingo ». Shijô Kingo exerçait une fonction similaire, c’est pourquoi, il portait également le titre de Kingo. Son nom était Shijô Yorimoto.

Le 16ème jour du 7ème mois de la première année de Bun’ô (1260), Nichiren Daishônin présenta le Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude aux plus hautes instances de l’état. Cette remontrance fut totalement ignorée et Nichiren Daishônin ne reçut aucune réponse. En fait, la réponse survint le 28ème jour du 8ème mois de la première année de Bun’ô (1260), sous la forme d’une attaque menée par les pratiquants du Nenbutsu contre Nichiren Daishônin à son ermitage de Matsubagayatsu. Après cette agression à laquelle il put échapper, Nichiren Daishônin alla se réfugier chez Toki Jônin. C’est à ce moment que Jômyô, qui habitait près de la demeure des Toki, entendit pour la première fois l’enseignement de Nichiren Daishônin.

Les ancêtres de Jômyô étaient tous de fervents pratiquants du Shingon, au point où ils firent l’offrande d’un grand stupa au temple du mont Kôya, où este situé le temple principal de cette école. Il est donc vraisemblable qu’au début, Jômyô ait éprouvé du ressentiment à l’égard de Nichiren Daishônin qui réfutait le Shingon. Toutefois, à force d’être en contact avec la noble attitude de Nichiren Daishônin et de son enseignement répondant à la logique, il ouvrit progressivement les yeux à la doctrine correcte pour finalement abandonner les doctrines erronées du Shingon et prendre refuge dans l’enseignement de Nichiren Daishônin. Dans la même lettre, ce dernier le loue, écrivant :

« Habituellement, vous vous perdiez dans ces doctrines. Or, entendant la mienne, vous êtes devenu un sage abandonnant immédiatement ses attachements. Non seulement vous gardez le Sutra du Lotus, de plus vous en êtes venu finalement à penser que ce Sutra est plus important que votre vie ».

Après sa conversion, Jômyô s’efforça complètement dans la foi, sans tenir compte de sa vie.

Par la suite, Nichiren Daishônin écrivit à Jômyô de nombreuses lettres et importants traités, tels le Traité sur les trois grands Dharmas ésotériques, la Doctrine de la transformation du lourd pour le recevoir léger et d’autres. Dans le Traité sur les trois grands Dharmas ésotériques, il écrit même :

« Depuis de longues années, je l’ai tenue dissimulée en mon cœur. Cependant, si je n’écris pas cette doctrine ni ne la transmets, mes disciples m’accuseront de manquer de compassion ».

Le Traité sur les trois grands Dharmas ésotériques est un important Gosho, dans la mesure où il consigne pour la postérité ce que Nichiren Daishônin conservait en son cœur de plus important, c’est-à-dire la doctrine des trois grands Dharmas ésotériques. De ce point de vue également, on peut concevoir la confiance qu’avait Nichiren Daishônin à l’égard de Jômyô.

Tout fervent pratiquant qu’il fut, même Jômyô dut faire face à la maladie et au découragement. En particulier entre le 1er et le 5ème mois de la première année de Kôan, il fut atteint d’une maladie extrêmement grave le faisant souffrir aussi bien physiquement que moralement. Pour cette raison, il fit diverses offrandes à Nichiren Daishônin et lui demanda une sorte d’exorcisme pour ses 57 ans. Cette lettre est la réponse faite par Nichiren Daishônin, sous forme d’encouragement empreint de compassion.

Nous allons à présent étudier la phrase en question.

Avant celle-ci, nous pouvons lire :

« En fait, la doctrine d’Une pensée trois mille de l’éveil véritable dans le passé lointain est tenue cachée dans les quatre premières saveurs et les quatorze chapitres de la doctrine éphémère. Elle est révélée dans le chapitre Durée de la vie, partie principale de la doctrine originelle ».

Autrement dit, ce n’est qu’une fois parvenu au chapitre Durée de la vie du Sutra du Lotus, que la doctrine d’Une pensée trois mille fut prêchée.

Il existe en fait deux sortes de significations du chapitre Durée de la vie : le niveau des phrases (bouddhisme de Śākyamuni) et le profond des phrases (Dharma de Nichiren Daishônin).

Si on lit simplement ce passage au premier degré, on peut voir que Śākyamuni a prêché le chapitre Durée de la vie et que la doctrine d’Une pensée trois mille y est révélée pour la première fois.

Dans la phrase de ce mois, il est écrit : « Le joyau précieux d’Une pensée trois mille a été introduit dans le sac de diamants indestructibles et laissé pour les êtres de la Fin du Dharma misérables que nous sommes ». Cette phrase signifie que Śākyamuni a laissé aux êtres de la Fin du Dharma que nous sommes, l’enseignement d’Une pensée trois mille sous la forme des cinq caractères du Dharma merveilleux.

Toutefois, au profond des phrases, autrement dit si on lit cette phrase du point de vue de l’enseignement de Nichiren Daishônin, nous comprenons alors que « « Le joyau précieux d’Une pensée trois mille a été introduit dans le sac de diamants indestructibles » signifie que le corps qui librement reçoit et emploie à l’origine du passé hors le temps est identique à la substance d’Une pensée trois mille, qui est tel quel les cinq caractères du Dharma merveilleux.

Ensuite, « laissé pour les êtres de la Fin du Dharma misérables que nous sommes », signifie que ce Dharma merveilleux a été inscrit sous la forme du Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle et laissé pour que tous les êtres de l’éternité de la Fin du Dharma puissent devenir Bouddhas.

« Les êtres misérables de la Fin du Dharma » ne désignent bien entendu pas une pauvreté matérielle. Du fait que nous sommes nés dans l’époque où foisonnent les cinq souillures qu’est Mappô, nous sommes des êtres aux racines religieuses et bouddhiques extrêmement affaiblies. En ce sens, nous sommes pauvres des connaissances suffisantes pour comprendre quel est l’enseignement véritablement juste.

Pour cette raison, il est essentiel que nous nous efforcions dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui en considérant que le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle est la substance de la Une pensée trois mille en sa réalité et que Nichiren Daishônin, qui possède ce Dharma, est le Bouddha originel. Autrement dit, il est important que nous ayons foi que le Dai Gohonzon est Nichiren Daishônin, que nous pratiquions nous-même ce Dharma merveilleux, sachant qu’il est le grand Dharma nous permettant de devenir Bouddha dès ce corps et ainsi, de réaliser le véritable bonheur et le préconisions aux autres.

Je termine ce sermon en priant pour votre énergie. Merci de votre visite au temple.

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